Le printemps bien entamé, l’été qui approche, et certains plaisirs vont pouvoir se trouver exaltés par les trésors aphrodisiaques de la phytothérapie.
Certaines plantes jouissent d’une réputation d’aphrodisiaques plus ou moins méritée.
Le ginseng, par exemple, est universellement considéré comme des plus efficaces.
L’est-il vraiment ?
D’autres plantes, moins connues, recèlent peut-être autant de vertus, voire plus…
Le ginseng
Il est inutile de présenter le ginseng, cet extraordinaire stimulant général qui augmente la résistance de l’organisme ; mais sans doute est-il indispensable de savoir exactement que penser de son indéracinable réputation d’aphrodisiaque.
On dit que dans certaines populations de l’Himalaya, fortes consommatrices de sa racine, les hommes seraient capables de procréer jusqu’au-delà de quatre-vingts ans…
Il est certain que le ginseng :
→ est un puissant stimulant du système hormonal,
→ ralentit le vieillissement,
→ favorise la spermatogenèse,
→ accroît la vitalité des spermatozoïdes,
→ et favorise globalement l’activité sexuelle et la libido.
Son exceptionnel pouvoir est dû à l’action synergique de ses principes actifs et notamment aux ginsénosides, à condition, tout au moins, que ce fameux ginseng soit consommé sous forme de racine rouge, chinoise ou coréenne, la plus vieille possible et d’au moins six ans.
Quant à la durée de la cure, elle varie selon les avis.
D’aucuns conseillent de ne pas dépasser deux ou trois mois, car il est vrai que le ginseng peut entraîner de l’hypertension.
D’autres, comme les Chinois, en prennent quotidiennement durant toute leur vie.
L’angélique chinoise
Aphrodisiaque féminin par excellence, l’angélique chinoise est prescrite contre la frigidité depuis le 18ème siècle.
On lui attribue des effets sur la femme tout à fait comparables à ceux du ginseng sur l’homme, puisqu’elle :
→ tonifierait l’utérus,
→ augmenterait les sensations durant les rapports
→ et intensifierait l’orgasme.
En fait, c’est l’acide férulique, contenu dans la racine et l’huile essentielle, qui a des effets toniques, active le sang et stimule certains récepteurs de l’utérus.
Même si elle est avant tout utilisée comme relaxant respiratoire, antirhumatismal et stimulant de la circulation sanguine, on peut donc considérer l’angélique chinoise comme un véritable aphrodisiaque.
Toutefois, il ne faut pas en abuser, car à forte dose elle influe sur le rythme cardiaque et la pression artérielle, et a des effets photosensibilisants pouvant provoquer des dermatites.
Elle est toujours contre-indiquée en cas de grossesse.
Le bois bandé
Avec le bois bandé, il faut bien dire que l’on ne sait pas, actuellement, à quoi s’en tenir exactement.
Aucune étude scientifique n’a, jusqu’à présent, identifié les principes actifs de cette écorce guadeloupéenne, ni défini ses indications et contre-indications.
On ne dispose donc que de sa réputation, au demeurant fort honnête, d’aphrodisiaque par action vasodilatatrice non toxique.
Cependant, le bois bandé étant pratiquement toujours utilisé sous forme d’une préparation traditionnelle dans laquelle l’écorce est mise à macérer dans du rhum, certains esprits tatillons en sont venus à penser, probablement à juste titre, que l’essentiel de son effet aphrodisiaque serait dû à son mode de préparation.
Le yohimbé
Indéniablement le yohimbé, qui contient un alcaloïde, la yohimbine, employée dans le traitement de l’impuissance, est un aphrodisiaque.
Il ne l’est d’ailleurs pas seulement depuis son utilisation médicinale en Occident, mais certainement depuis des siècles et peut-être des millénaires, puisqu’il était considéré par les Africains du Cameroun et du Congo comme un tonique et un aphrodisiaque si exceptionnel qu’il était naturellement devenu sacré.
La yohimbine est un sympathicolytique, vasodilatateur et hypotenseur à forte dose alors qu’elle est hypertenseur à faible dose.
Mais, plutôt que d’employer la molécule isolée, mieux vaut consommer l’écorce dont la diffusion est plus lente, et l’effet plus durable et plus efficace.
Contrairement à beaucoup de prétendus aphrodisiaques qui ne sont en réalité que des toniques généraux, le yohimbé a une action vasodilatatrice très spécifiquement marquée au niveau des organes génitaux, d’où s’en suivent :
→ une érection prolongée,
→ un accroissement de la libido
→ et un nombre plus grand d’éjaculations.
Hélas, de tels effets ne vont pas sans un certain nombre de contre-indications ; le yohimbé, qui peut provoquer anxiété et agressivité en plus de l’hypertension, est strictement contre-indiqué en cas d’insuffisance rénale ou hépatique.
Enfin, il ne faut surtout pas en prendre en cas de consommation de caféine ou de certains médicaments, d’amphétamines ou d’autres alcaloïdes.
Le gingembre
Cette piquante racine, entrée depuis quelques années dans la cuisine occidentale après avoir été un classique des cuisines asiatique et africaine, est aussi reconnue, dans les régions tropicales, comme un puissant fortifiant des organes génitaux masculins.
Cette réputation, en partie fondée, est toutefois un peu exagérée, puisque le gingembre, comme toutes les épices, est évidemment un révulsif qui apporte un afflux sanguin dans les organes périphériques et s’accompagne d’une petite bouffée de chaleur ; mais cet effet aphrodisiaque n’est finalement pas plus marqué que ce n’est le cas pour le poivre, le piment et bien d’autres condiments piquants.
Reste que le gingembre est un excellent condiment, stimulant digestif, cholagogue, hépato-protecteur, régénérant et revigorant… tout au moins à doses raisonnables, car un excès peut s’avérer irritant pour les intestins.
La cannelle
Plus encore que pour le gingembre, la réputation aphrodisiaque de la cannelle ne se vérifie que très modérément.
Cette écorce est indéniablement reconnue comme réchauffante et vitalisante, mais ceci n’en fait pas un aphrodisiaque au même titre que le yohimbé, par exemple.
Il n’en demeure pas moins que la médecine chinoise la prescrit en cas de :
→ faiblesse des membres,
→ douleurs cardiaques,
→ impuissance
→ et stérilité féminine.
Par ailleurs, aujourd’hui l’huile essentielle de cannelle de Chine est étudiée pour ses propriétés sédatives, anticancéreuses et antioxydantes.
Quant à l’écorce de cannelle, consommée en boisson ou en condiment, elle reste un phytothérapique tout à fait adapté à la perte de vitalité.
La vanille
Aromate particulièrement prisé dans les desserts et certaines préparations exotiques, la vanille, déjà connue des Aztèques pour ses propriétés stimulantes, mérite sans doute plus sa réputation d’aphrodisiaque que la cannelle.
Riche de plus de cent cinquante composants actifs, la vanille a des effets euphorisants et spécifiquement aphrodisiaques.
Il est donc pleinement licite de la prescrire en cas d’asthénie sexuelle, ou tout simplement d’asthénie des sens puisqu’elle a également une action sur certains médiateurs.
Mais attention, là encore, mieux vaut éviter les excès, car prise en trop grande quantité, la vanille donne la migraine.
La truffe
Casanova en était friand et Madame de Pompadour en faisait servir à ses amants.
Autant dire que la truffe jouit d’une réputation typiquement française.
Bien sûr, la truffe, comme le champagne et les mets raffinés, par son aspect festif, invite automatiquement à la volupté.
Mais ce champignon va plus loin puisque, sous son aspect peu esthétique, il recèle un principe actif, l’androsténole, extrêmement proche de l’hormone mâle, l’androstérone.
Voilà qui expliquerait son action aphrodisiaque.
Le céleri
Autre aliment à la réputation « sulfureuse », le céleri est tenu pour un aphrodisiaque depuis le Moyen-Âge où l’on considérait que son jus était particulièrement excitant pour les hommes célibataires.
Madame de Pompadour – toujours elle – répétait souvent ce proverbe : « Si la femme savait ce que le céleri fait à l’homme, elle irait en chercher de Paris à Rome ».
En fait, c’est dans toute l’Europe que l’on connaît les vertus du céleri et que l’on prépare les tiges pour stimuler le désir et améliorer les performances sexuelles, ou la racine comme fortifiant général.
Le céleri contient énormément de vitamines et de sels minéraux.
Il est en outre :
→ amaigrissant,
→ antiseptique,
→ diurétique,
→ tonique,
→ fluidifiant sanguin
→ et régulateur du cholestérol.
S’il s’avère particulièrement aphrodisiaque, c’est parce qu’il contient certains alcaloïdes, notamment l’apigénine, aux propriétés vasodilatatrices et relaxantes sur la spermatogenèse.
Mais attention aux abus, car il contient également des furanocoumarines photosensibilisantes pouvant, à haute dose, entraîner des dermatites.
La sarriette
Assez proche du thym par ses qualités toniques et antiseptiques, la sarriette s’en distingue par son pouvoir hautement aphrodisiaque puisque c’est depuis l’Antiquité qu’on la nomme « herbe aux satyres ».
Aujourd’hui, on attribue quelquefois à cette incontestable herbe de l’amour des effets dépassant ceux du ginseng.
Le principe actif responsable de cet exceptionnel effet aphrodisiaque est un flavonoïde nommé eriodictyol, relaxant et vasodilatateur.
De plus, on note la présence de tocophérols dans la sarriette, ce qui en fait un excellent antioxydant.
Cette herbe peut être indifféremment utilisée comme condiment ou comme tisane.
Et les vitamines ?
→ La vitamine E préside au développement des cellules sexuelles et possède un important effet antioxydant, c’est à dire anti-vieillissement. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’on la prescrive contre la stérilité masculine.
→ La vitamine B1 s’adresse surtout aux personnes stressées dont les pannes sexuelles sont plutôt d’origine nerveuse.
→ La vitamine B3, en stimulant la sécrétion d’histamine, entraîne la dilatation des vaisseaux et aide ainsi à l’érection.
→ La vitamine B6 stimule la synthèse de la dopamine, le principal neuromédiateur du plaisir sexuel.
→ La tyrosine, qui est un acide aminé présent dans l’ananas et le poisson, est elle aussi un précurseur de la dopamine.
→ Le zinc est présent dans les organes sexuels mâles, et sa carence entraîne toujours d’importantes répercussions sur la libido.
Jan Kristiansen