Le travail, ce n’est pas toujours la santé

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êtes-vous heureux au travail ?

« Le travail c’est la santé… ne rien faire c’est la conserver », dit-on.

Il se pourrait bien que ces deux assertions soient aussi fausses l’une que l’autre.

Alors, que faire ?

Ce n’est un secret pour personne, et cette vérité se trouve d’ailleurs confirmée par toutes les statistiques : la longévité et la santé sont plus grandes parmi les personnes exerçant une profession libérale.

Viennent ensuite les catégories de main-d’œuvre spécialisée, elles-mêmes malgré tout plus chanceuses que les non spécialisées.

Mais la catégorie socioprofessionnelle faisant preuve de la moins bonne santé et de la plus faible longévité reste bien entendu celle des chômeurs.

Bref, votre situation socioprofessionnelle nuit à votre santé de bien des façons.

On pense tout d’abord à ces professions qui sont associées à des activités dangereuses.

C’est par exemple le cas de l’agriculture ou du bâtiment, sans parler, bien sûr, du métier des armes ou du maniement des explosifs.

Il y a aussi des environnements de travail particulièrement nuisibles à la santé.

Comment espérer vivre sainement lorsqu’on se trouve quotidiennement en présence de solvants chimiques, d’une pollution sonore intense ou de vibrations extrêmes comme dans le travail sur marteau-piqueur ?…

Tous ces exemples, me direz-vous, sont aussi regrettables… qu’extrêmes ; mais la plupart des professions ne présentent pas de tels caractères de dangerosité.

Non, bien sûr, mais il semblerait hélas qu’elles comportent toutes des aspects malsains.

Sans aller chercher bien loin, tous ceux, comme les rédacteurs de presse ou nos amies les secrétaires et autres employés de bureau, qui passent leurs journées assis devant un écran d’ordinateur, savent à quel point leurs métiers ne sont pas sains pour leur dos, pour leur poignet et pour leurs yeux…

Et que dire du chauffeur de taxi, lui aussi mal assis mais de surcroît enfermé dans sa cage métallique à respirer les gaz d’échappement ?

Que dire du livreur qui risque à tous les coins de rue de se faire renverser ?

Du déménageur écrasé par des charges trop lourdes ?

Du médecin au contact des microbes et des virus ?

De l’homme d’affaire continuellement en prise au stress ?

De l’hôtesse de l’air toujours en décalage horaire ?

Du menuisier qui avale de la sciure et se coupe les doigts ?

Du maraîcher qui fait les marchés par tous les temps ?

Du représentant de commerce obligé de boire le coup avec tous ses clients ? 

Ou même du sportif de haut niveau qui force tellement son organisme qu’il devient vieux à quarante ans ?…

 

Meilleure scolarité = meilleure santé

La liste serait trop fastidieuse à poursuivre mais, à de rares exceptions près, chacun sait ce que son métier lui a directement et concrètement amené comme ennuis de santé.

En revanche, les difficultés indirectement ou subjectivement associées à certaines professions sont plus difficiles à cerner.

Elles n’en sont pas moins à l’origine d’une indéniable mauvaise santé.

Les investigateurs dans le domaine de la santé publique pensent notamment que les emplois moins rémunérés ou moins stables pourraient nuire à la santé.

Mais ils ajoutent que ces facteurs doivent être mis en relation avec la scolarité ou le quotient intellectuel.

En effet, un niveau de scolarité ou un Q.I. plus élevés permettent généralement d’accéder à un emploi mettant en jeu des activités et un environnement moins dangereux et laissant un plus grand contrôle de sa vie au travailleur… tout cela favorisant une meilleure santé.

D’autre part, apprendre, penser, raisonner et résoudre des problèmes sont des exercices mentaux qui peuvent entretenir le système nerveux central de la même manière que les exercices physiques entretiennent le corps.

Et puis, bien sûr, il ne faut pas oublier que les niveaux de scolarité et de Q.I. plus élevés sont associés à de meilleurs revenus permettant d’acquérir des habitudes de vie plus saines, de bénéficier d’une meilleure alimentation et d’accéder à de meilleurs soins médicaux.

Toutefois, les statistiques tempèrent cette apparente injustice sociale, puisqu’il semblerait que ceux qui possèdent le plus haut niveau de scolarité et de Q.I. aient aussi des niveaux moins élevés de satisfaction à l’égard de leur emploi.

Et ceci n’est pas bon, mais alors pas bon du tout pour la santé !

  

Une obligation qui peut devenir un enfer

mon travail ne me satisfait pas

Cela dit, même parmi ceux qui ne jouissent que d’un Q.I. moyen, les travailleurs se disent, dans une très honorable proportion, assez peu satisfaits de leur emploi.

Ce n’est pas un scoop : la plupart des gens sont obligés de travailler pour gagner leur vie, et acceptent le plus souvent ce qu’on leur propose, déjà bien heureux d’échapper au chômage.

Or, ce qu’on leur propose ne leur plait pas souvent.

D’une part parce que la recherche d’un emploi est un peu comme une loterie où l’on ne tombe que rarement sur le bon numéro, à savoir un métier qui ne soit pas trop lassant et qui corresponde vraiment à sa personnalité…

… D’autre part parce que beaucoup préfèrent choisir plutôt qu’être choisi.

Il suffit qu’on leur impose une activité pour que, très rapidement, ils ne puissent plus la supporter, même si leur résistance reste inconsciente et qu’ils optent, au niveau conscient, pour la résignation.

C’est surtout sur ce plan que le travail retrouve son sens étymologique d’entrave, puisqu’il désignait, à l’origine, le pieux auquel on attachait l’esclave.

Ainsi quiconque irait se promener dans des bureaux, aussi bien dans le secteur public que dans le privé, verrait une proportion non négligeable d’employés en train de s’ennuyer ferme ou, tout au moins, activement occupés à calculer comment ils peuvent en faire le moins possible… ne serait-ce que pour qu’il ne soit pas dit qu’ils se font exploiter.

Tout cela peut sembler drôle, et se retrouve soigneusement rangé dans l’arsenal des gagmen de cinéma ou de théâtre, mais on mesure mal l’énorme gâchis, aussi bien en termes de rentabilité que de santé, que cela représente.

Ces gens là souffrent intérieurement et somatisent très souvent de toutes sortes de manières, passant chez le psy, l’acupuncteur, l’homéopathe ou l’ostéopathe une bonne partie de leur temps de loisir juste pour parvenir à assurer leur temps de « travail ».

A moins qu’ils ne préfèrent courir des médecins plus conventionnels à la recherche d’arrêts de travail.

Certains d’entre eux mettent sans doute sur le compte d’une mauvaise hérédité ou de l’abus de bonne chair leur pitoyable état de santé, et il n’est d’ailleurs pas exclu que ces causes participent elles-aussi au mal-être, mais c’est pourtant bien le travail, ou tout au moins la façon dont il est perçu, qui, le plus souvent, est à l’origine des troubles.

  

Le harcèlement

Et comme si le simple fait de subir le travail, plutôt que de le faire, n’était pas suffisant à transformer la vie de certains employés en enfer, il arrive parfois que vienne s’y ajouter le harcèlement moral de la part d’un patron ou d’un supérieur !

Les médecins du travail dénoncent ce phénomène dans tous les secteurs professionnels,mais plus particulièrement :

   dans le commerce avec 30% des cas,

   dans les services (20%),

   dans le secteur de la santé et des activités sociales (19%).

Les victimes sont, pour 73% d’entre elles, des femmes, et la moyenne d’âge est d’environ quarante ans sur l’ensemble de la population.

Bien sûr, 20 à 25% présentaient déjà des troubles psychopathologiques avant le harcèlement en question, mais celui-ci entraîne alors chez elles des complications morbides presque systématiquement.

Quant aux autres, elles découvrent, grâce à cette forme d’abus de pouvoir, ce que sont les troubles de l’humeur, les troubles du sommeil… et les tentatives de suicide, éventuellement accompagnées de récidives plus abouties.

 

Ne rien faire…

Ne rien faire pourrait-il constituer le remède absolu contre tous les troubles de santé physique et mentale amenés par le travail ?

Eh bien non hélas, car les deux formes modernes les plus courantes d’oisiveté, le chômage et la retraite, posent de plus redoutables problèmes encore.

De l’avis de tous les spécialistes, le chômage peut affecter sérieusement la santé mentale et physique.

En effet, en plus d’être soumis à une pression financière, certains chômeurs ont l’impression de ne plus avoir de but et de perdre leur identité, leur estime, leur statut social et leurs possibilités de développement personnel. 

Certaines études ont démontré qu’il existe une corrélation entre le chômage et un taux de mortalité plus élevé, en l’occurrence par suicide et maladies cardiovasculaires.

La détresse psychologique des chômeurs, leurs symptômes d’anxiété ou de dépression, leurs incapacités à court et à long terme, leurs problèmes de santé avec séjours à l’hôpital et visites chez le médecin, sont autant de parcours pratiquement obligés auxquels bien peu échappent.

Quant aux retraités, en perdant tous les réflexes censés assurer l’entretien de l’existence, ils ne peuvent soudain plus s’exprimer et se trouvent en contradiction formelle avec leur conditionnement puisqu’ils n’ont plus besoin de travailler pour vivre.

Autant dire que plus l’emprise de ce conditionnement est fort, plus l’individu va associer « ne pas travailler » à « ne pas vivre », c’est-à-dire à « vieillir et mourir ».

Surtout si, parallèlement à ce retrait du monde du travail, la personne âgée doit subir un retrait de la vie familiale.

Là, il ne s’agit plus alors que de « vieillir et mourir dans la solitude ».

Il n’y a, dès lors, vraiment plus rien à faire… et ça va aller de plus en plus mal.

  

Alors, que faire ?comment être heureux au travail ?

Vous vous en doutez : il n’est pas facile de briser cette double contrainte où l’insupportable emprisonnement dans le travail se présente comme un privilège par rapport à ceux qui n’en ont pas.

Les tempéraments révolutionnaires auront peut-être quelques velléités, par ailleurs assez anachroniques, à changer la société ; mais la raison nous conseille évidemment de plutôt chercher à solutionner le problème à l’échelon individuel.

Pour ce qui concerne les dangers objectifs du travail dans certains secteurs, il faut bien sûr mettre tout en œuvre pour que les mesures de sécurité soient chaque jour améliorées.

Il faut aussi que la chasse au harcèlement moral – ou sexuel – se poursuive activement, sans pour autant tomber dans des excès à l’américaine. 

Au cas par cas, le travailleur souffrant par exemple d’une mauvaise assise sur sa chaise de bureau peut étudier les moyens decorriger sa position ou de faire des exercices.

Le chauffeur de taxi peut se protéger de la pollution par des filtres à air et des ioniseurs de voiture, etc.

Maintenant… que faire pour traiter les problèmes psychologiques créés par le simple fait de devoir travailler, ou par les situations de communication conflictuelles ?

Là, certaines psychothérapies comme les thérapies systémiques ou la P.N.L., notamment appliquées dans le cadre de l’entreprise, pourront contribuer à abaisser les difficultés jusqu’à un seuil supportable.

 Jean-Baptiste Loin 

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