Il y a 80 ans, Edmond Bordeaux-Szekely découvrit au Vatican un manuscrit essénien qu’il entreprit de remanier, pour ne pas dire de romancer, avant de le publier sous le titre de « L’Evangile de la Paix de Jésus Christ par le disciple Jean ».
Depuis, ce livre a été lu par plus de dix millions de personnes, et notamment par de nombreux adeptes de la diététique et des médecines naturelles, qui y trouvaient une confirmation, à la fois hygiéniste et spiritualiste, de leurs thèses.
Aujourd’hui complété de divers autres livres esséniens, cet étonnant apocryphe nous propose une version quasi chamanique de l’enseignement de Jésus, essentiellement consacrée à la santé et à la maladie.
Si nous sommes malades, nous apprend cet évangile, c’est uniquement parce que nous nous livrons à Satan !
Celui-ci, on le sait, tente les fils des hommes, leur promettant richesses et pouvoirs, gloire, joies sensuelles, plaisirs de table, vins généreux, paresse et oisiveté…
Hélas, « dès que les fils des hommes sont devenus esclaves de toutes ces vanités et abominations, Satan se paie sur leur souffle, leur sang, leurs os, leur chair ».
Heureusement, il y a toujours une planche de salut ; et, pour retrouver la santé, il suffit au pécheur de reconnaître ses erreurs.
Jusque là, rien que de très orthodoxe, dans ce texte qui nous propose le schéma classique : vous avez péché, vous êtes punis, repentez-vous.
Mais là où l’évangile essénien se distingue des livres canoniques et nous ramène au chamanisme, c’est dans le choix de la puissance tutélaire invoquée.
Généralement, en effet, les prophètes et autres « fils de Dieu » font appel au Père céleste ; mais ici, le Jésus essénien exhorte ses disciples à réintégrer le giron de la mère terrestre.
« Nous sommes les fils de la terre », explique-t-il avec des accents de chef indien, « le sang qui coule dans nos veines vient du sang de notre mère terrestre qui tombe des nuages, l’air que nous respirons vient de son souffle, la dureté de nos os provient des os de notre mère terrestre, des roches et des pierres… ».
Conclusion : en vivant en harmonie avec elle, on ne connaîtra jamais la maladie. Elle nous donnera longue vie, nous protégera du feu, de l’eau et de la morsure des serpents.
Comme un chaman, le Jésus essénien apprend à ses disciples à lire les lois de la mère terrestre, non dans les écritures, qui sont choses mortes, mais dans le vivant, dans l’herbe, l’arbre, la rivière, la montagne, les oiseaux, les poissons… ou tout simplement dans leur propre chair.
Toutefois, ajoute-t-il, on ne peut entendre la parole de vie tant qu’on vit dans la mort, c’est à dire dans la beuverie, les excès, la luxure, la haine et la recherche des richesses.
Pour que cette parole nous pénètre, il faut purifier le temple corporel, en fuyant les tentations, en se régénérant et en jeûnant.
« Je vous le dis en vérité : Satan et toutes les maladies qui viennent de lui ne peuvent être chassés que par le jeûne et la prière ».
Comment jeûner ?
Fondement incontournable de tous les ascétismes religieux, le jeûne ne se pratique pas n’importe comment.
A l’instar du Jésus canonique, le Jésus essénien prescrit d’accompagner le jeûne de la prière, mais il ajoute la recommandation « d’éviter les fils des hommes et de recherchez la compagnie des anges de la mère terrestre ».
Ces anges étant ceux de l’air, de l’eau, de la terre et du soleil, il va de soi qu’on les rencontrera en s’exposant sans réserve aux éléments de la nature.
C’est une véritable cure psychosomatique qui est ici prescrite, puisque l’air, l’eau, la terre et le soleil vont objectivement détoxiner l’organisme du jeûneur, pendant que le symbolisme liée à ces éléments le régénérera sur le plan « intérieur ».
D’aucuns jugeront peut-être que le Jésus essénien de cet évangile naturopatho-holistique s’égare de temps à autre, notamment lorsqu’il nomme « baptême d’eau » la technique du lavement ou, lorsqu’en faisant bouillir du lait de brebis, il expulse du corps d’un malade un démon-ver-solitaire digne d’Alien…
Mais, sur le plan de l’hygiène, il n’en reste pas moins que nous avons là un document d’une haute valeur, rappelant d’ailleurs les prescriptions du Dr Hanish qui, sans doute, a dû puiser à des sources similaires.
Outre le lavement, on retrouve dans ce texte toutes les techniques antiques de la médecine : aération, respiration, balnéothérapie, héliothérapie, argilothérapie, mais sacralisées !
De telle sorte que le malade, une fois visité de fond en comble par tout l’escadron des anges de la nature, pourra se libérer de Satan et devenir un avec la mère terrestre… ce qui était le but de la manœuvre puisque, comme nous le révèle ce Jésus là : « nul ne peut atteindre le père céleste si ce n’est au travers de la mère terrestre ».
Comment manger ?
Comme dans tout bon évangile, une fois guéris, les malades s’entendent dire, selon la formule consacrée, qu’ils ne doivent plus pécher.
Oui, mais quels péchés ne plus commettre pour ne pas risquer de retomber malade ?
Quels sont les commandements, en ce domaine ?
Le premier, introductif, sonne comme le slogan d’une assurance-retraite spirituelle : « Honore ton père céleste et ta mère terrestre, et suis leurs commandements afin que tes jours soient prolongés sur la terre ».
Le second résume, à lui seul, toute la doctrine diétético-spirituelle des Esséniens : « Tu ne tueras point », c’est à dire tu seras végétarien, car celui qui mange la chair des animaux abattus mange le corps de la mort… et devient, naturellement, l’esclave de Satan !
Moïse, nous dit-on par ailleurs, avait déjà rapporté ce commandement ; mais le peuple d’Israël, encore barbare, avait éprouvé quelques difficultés à adopter le végétarisme.
Alors Moïse, avant tout désireux de voir condamner le meurtre, fut contraint de permettre aux Hébreux de tuer des animaux.
Le Jésus essénien, pour sa part, demande clairement à ses disciples de ne tuer ni hommes, ni animaux, et même de ne jamais détruire les aliments en les cuisant.
Adepte d’un crudivorisme strict, il considère qu’on ne peut être vivifié qu’en mangeant des aliments vivants.
En conséquence, il interdit de « manger ce que le feu, le froid, ou l’eau ont transformé. Car les aliments cuits, gelés ou avariés brûlent, refroidissent et empoisonnent », précise-t-il ; « aussi, ne soyez pas comme le laboureur insensé qui sèmerait sur sa terre des graines cuites, gelées ou gâtées ».
Ce Jésus est à tel point l’ennemi de la cuisson, qu’il ne manque évidemment pas de faire l’amalgame entre le feu infernal et celui du foyer.
Pour lui, seul le feu qui brûle à l’intérieur du corps est un feu de vie. Le feu extérieur, qui détruit les aliments, est un feu de mort. Il ravage nos pensées et corrompt nos esprits.
Il faut donc nous contenter de manger les fruits des arbres, les plantes des champs et le lait des bêtes, qui tous ont été préparés par le feu de vie.
Même le pain quotidien ne doit être cuit qu’aux rayons du soleil.
Toute autre cuisine est l’œuvre de Satan et conduit aux péchés, aux maladies et à la mort.
L’association des aliments entre eux est également proscrite. « Ne les mélangez pas », avertit encore notre Jésus essénien, « de peur que vos intestins ne se transforment en marais putrides ».
Il semblerait, cependant, que ce dernier précepte relève d’une mise en garde contre la gloutonnerie, plutôt que d’une méthode diététique.
Il s’accompagne d’ailleurs du conseil de ne jamais manger jusqu’à satiété, et de diminuer d’un tiers la portion avec laquelle on peut être rassasié.
Jésus établit même la quantité exacte de nourriture à consommer chaque jour : entre 500 grammes et un kilo.
Des règles de vie très strictes
Les Esséniens prenaient leur premier repas lorsque le soleil atteignait son point culminant, et le second une fois qu’il était couché.
Chaque mois de l’année devenait l’occasion d’une monodiète prolongée.
En mai, on mangeait de l’orge, en juin du froment, en juillet des fruits acides afin que le corps s’amaigrisse et que Satan en soit chassé, en août des figues sèches, en septembre et octobre des raisins…
Jamais, non plus, les Esséniens ne consommaient de produits provenant de contrées lointaines. Seuls les aliments poussant dans la région pouvaient leur convenir.
A l’image de l’existence qui se déroulait au sein de la communauté essénienne, Jésus donne encore divers conseils de diététique, dans cet évangile :
→ manger lentement, en respirant profondément et en mastiquant longuement jusqu’à liquéfaction des aliments afin que les anges de l’air et de l’eau puissent descendre dans le corps ;
→ s’abstenir de nourriture en cas de colère, d’irritation, de tristesse ou de manque d’appétit ;
→ jeûner le septième jour…
A cela, s’ajoutent naturellement des règles de vie très strictes : prier, éviter ce qui est trop chaud ou trop froid, se lever avec le soleil, ne pas veiller le soir, ni dormir le jour, se coucher après la tombée de la nuit et, bien sûr, ne jamais se livrer à la débauche…
Un évangile animiste ?
Les lecteurs de la Bible l’auront compris, l’évangile essénien, qui promet le paradis aux crudivoristes, se situe aux antipodes des préceptes pauliniens qui conseillaient de « manger de tout ce qui se vend au marché, sans s’enquérir de rien par motif de conscience » (1 Co 10:25).
Vous me direz, bien sûr, que ce qui se vendait sur les marchés à cette époque devait tout de même être un peu plus naturel que ce que l’on trouve dans nos modernes supermarchés !
L’évangile essénien est aussi en contradiction avec certaines paroles du Jésus canonique lui-même qui, dans l’évangile de Matthieu, s’oppose radicalement aux rites en vigueur dans les différentes sectes judaïques de l’époque, en des termes définitifs : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui contamine l’homme, mais c’est ce qui en sort » (Mt 15:11).
En fait, une caractéristique des grands enseignements spirituels, a toujours été de révéler aux disciples une perspective dans laquelle la réalisation spirituelle ne peut être la conséquence d’aucune pratique, et surtout pas d’un régime alimentaire.
Cela dit, s’il est bien question de ne pas faire de régime par motif de conscience, rien ni personne n’a jamais interdit de le faire par motif de santé !
Certes, le régime et les soins naturothérapiques ne conduisent pas au spirituel, mais ils n’en demeurent pas moins cruciaux pour la santé et le bien-être !
Jean-Baptiste Loin
Bonsoir
merci pour cet article, mais par soucis de crédibilité vus devriez faire attention à ce qui inspire cet article car il est maintenant prouvé depuis longtemps qu’il sagit d’une affabulation du dit Szekely. C’eut tét moins vendeur sans ce titre c’est sur.
C’est intéressant mais propagandiste et ça c’set de la mauvaise graine.
Merci
ici un lien
http://alephetomega.blogspot.fr/2012/01/le-canular-de-levangile-de-la-paix-et.html
Bonjour et bonne année, Oui, il va sans dire que cet « évangile », très romancé comme je le disais en début d’article, n’a jamais eu rien de très sérieux (et qu’il soit à 99% ou à 100% bidon ne change rien à l’affaire). Il n’empêche que de très nombreuses personnes considèrent le mode de vie et la philosophie des Esséniens comme étant à l’origine du Christianisme… ce qui est une contre-vérité puisque, comme je le disais à la fin de l’article, leurs préceptes sont massivement aux antipodes de ceux attribués au Christ. Bref, loin de tout désir de querelle religieuse, mon… Lire la suite »
Bonjour, Si, vous le permettez, j’aimerai réagir sur ce que je lis. En effet,si l’on veut se baser sur l’enseignement véritable de la bible, on peut lire plusieurs passage dans les évangiles où Jésus fait manger du poisson aux personnes qui l’entourent où qu’il rencontre : Dans le nouveau testament : – l’évangile selon St Matthieu, 13,19-21 – l’évangile selon St Matthieu, 15,36-37 et bien d’autres encore y compris dans l’ancien testament. Je ne fais pas l’apologie des protéines animales car je pense, en tant que thérapeute, nous devons en consommer avec parcimonie et encore selon les personnes mais elles… Lire la suite »
Bonjour,
Merci à toutes et tous d’avoir partagés vos avis sur ce texte « L’évangile de la paix de Jésus ». C’est très intéressant ! Pour ma part, j’ai demandé la parfaite santé et j’ai reçu ce texte.
J’invite chacune et chacun à faire cette démarche : demandez à Dieu (ou l’univers si vous êtes athée) ce qui est bon pour vous et vous recevrez un message. Le messager lui n’a pas vraiment d’importance, souvenez-vous de ce proverbe « quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt »…
La paix soit avec vous
Une parole de vie comme je le lis ici ne peut que avoir que pour fondement le respecter de toutes vies ! Le véritable christianisme n’est pas un chemin facile sinon quel mérite y aurait il à se perfectionner et tenter de se rapprocher du divin ! Ceux qui avancent le canular peuvent ils en apporter la preuve ? J’ai lu « Jésus l’Essenien » de Mr. Svekely avec en fin d’ouvrage un Credo de la Societe Biogenique Internationale composé avec Romain Roland. Je conseille également la lecture de Léon Tolstoi, l’insoumis, le chercheur de vérité, celui que l’on connaît moins sous… Lire la suite »
Un bon livre pour tous ceux et celles qui s’intéressent aux esséniens et à Jésus.. Un thriller palpitant, érudit, plein d’intrigues et de suspens, une recherche des manuscrits de la mer morte, volés, retrouvés, revolés.. manuscrit censé révéler des secrets sur la vie de Jésus, roman attachant, très documenté, écrit par Éliette Abécassis, née en 69, normalienne, agrégée de philosophie, enseignante, c’est son 2ème roman. Je vous le conseille. Il est en Poche. (474 pages)