Très apprécié par ses confrères et amis, et bien qu’Alfred Vogel ait pratiquement connu le nouveau millénaire, en dehors de ses ouvrages, peu d’informations au sujet de la vie de cet homme hors du commun restent accessibles au public francophone.
Une faute, étant donné sa prolifique carrière et les nombreuses découvertes dont il est à l’origine, faute que nous entendons réparer sur le champ.
Reconnu et généreusement copié aux Etats-Unis où il a fait grand effet en se liant d’amitié à un vénérable homme-médecine sioux… en Europe en revanche, d’Alfred Vogel reste le nom d’un homme que l’on sait avoir rapporté l’Echinacea purpurea des Amériques, ainsi qu’un certain nombre de produits phytothérapiques issus de l’entreprise portant son nom.
Entreprise s’appliquant à respecter scrupuleusement les préceptes de Vogel depuis plus 50 ans en proposant les produits qu’il a lui-même élaborés un peu partout à travers le monde.
Quels étaient plus exactement ses préceptes ?
Quel est le parcours d’Alfred Vogel et pourquoi le considère-t-on comme un précurseur dans de nombreux domaines ?
C’est grâce à l’un de ses plus proches amis ayant travaillé avec lui pendant plus de quarante ans, qui est sans doute le seul à relater aussi précisément des détails surprenants que l’on aurait pu croire perdus dans l’oubli, que nous pouvons aujourd’hui entrer dans les coulisses de la vie d’un homme ayant volontiers dédié sa vie au bien-être d’autrui.
Naissance d’un naturaliste endurci
Alfred Vogel vint au monde en 1902 au cœur d’un petit village suisse nommé Aesh dans le canton de Bâle, près de Basel.
Ses parents, fort altruistes et amoureux de la nature laissèrent une place entière au jeune Alfred, respectant aussi bien son engouement pour les animaux que pour les plantes, ou encore son refus de manger de la viande, qu’il accompagnèrent avec enthousiasme.
Mais c’est apparemment de sa grand-mère qui le chérissait beaucoup et qui passait le plus clair de son temps à ses côtés, que son amour des plantes et ses connaissances précoces en phytothérapie se développèrent.
Ce qui ne l’empêchait absolument pas de s’intéresser à tout ce qui se passait autour de lui, en cherchant à en comprendre les détails.
Si bien que très vite, à l’école, il ne manqua pas de se faire remarquer ou punir à cause de son inébranlable volonté de systématiquement tout remettre en question.
Une vérité historique, mathématique, astronomique ou de quelque autre discipline, ne pouvait lui être brutalement enseignée sans qu’en soient justifiées l’exacte raison ou les preuves corroborant les sciences exactes.
Comportement qu’il entretenait d’ailleurs sans discrimination à l’égard de la religion ou des sciences naturelles, qu’il affectionnait tant.
D’un tempérament perçu comme relativement extrême, ne convenant bien évidemment pas aux aspects conventionnels de son époque, il s’exila quelques temps à Zurich.
Au cours de l’adolescence, il passa un long moment aux côté de Maximilian Bircher-Benner, ce médecin Suisse pionnier de la micronutrition dont la spécialité était les soins par l’alimentation vivante, et qui inventa entre autre la marque « muesli ».
Vogel fut si inspiré et enthousiaste à l’idée de faire coïncider sa connaissance des plantes aux principes de son nouveau mentor, qu’à dix-huit ans il ouvrit un tout nouveau type de commerce qui révolutionnera progressivement les mœurs : un magasin de diététique et de santé naturelle !
Boutique située au 1 Jurastrasse, où il apprenait volontiers à ses premiers clients l’importance de l’équilibre entre les protéines et les carbohydrates, ou encore celui entre les aliments acides et les aliments alcalins.
Nous étions en 1920 et le reste du monde ne pouvait encore imaginer à quel point cette initiative qui aura été jugée par ses contemporains comme l’œuvre d’un illuminé ouvrant un bazar dans les coucous, allait devenir indispensable au bien-être de l’humanité.
Naturellement, c’est tout d’abord une clientèle de malades n’ayant pas été satisfaits par les résultats de la médecine officielle qui devinrent ses premiers habitués.
Sur quoi il développa et édita rapidement le magazine mensuel « Nouvelle vie », dans lequel il expliquait l’importance et l’efficacité des remèdes à base de plantes.
Il rencontra ainsi son âme sœur, Sophie, qui au cours d’une conversation dans sa boutique se rendit compte qu’ils avaient absolument les mêmes centres d’intérêt, et épousa à la fois l’homme et sa cause.
Déjà internationalement réputé pour ses judicieux conseils, suite à sa petite herboristerie de remèdes et d’alimentation naturelle il créa une première clinique de soins holistiques en 1937, à Teufen, au cœur des montagnes.
Et c’est vraiment à cette occasion que Vogel devint une sorte de guide thérapeutique, non seulement pour ses patients mais aussi pour un certain nombre de docteurs, ouvrant ses services au genre humain arrivant volontiers de tous horizons.
Pacifiste convaincu et convaincant, Alfred Vogel ne comprenait absolument pas comment le monde pouvait tolérer la guerre et fit controverse au sein de la communauté suisse.
Il se passionna pour les travaux de Samuel Hahnemann, le fondateur de l’homéopathie, considérant que l’homme n’est pas fait d’un corps mais de trois :
→ le corps physique,
→ mental,
→ et émotionnel.
Vogel était persuadé que pour guérir il fallait traiter ces trois corps en même temps.
Par conséquent il employa principalement son temps à faire des recherches sur les plantes et la signature de chacune de leurs parties, depuis les racines jusqu’aux sommités en passant par les feuilles.
Elaborant progressivement un rapport approfondi mettant en relation les plantes, les maux, et d’éventuels effets secondaires, chacun de ses nouveaux remèdes était l’objet de très nombreuses investigations.
La science des plantes ayant bercé et nourri ses sens depuis toujours, Alfred Vogel était capable de sentir une espèce de plante particulière à l’autre bout d’un champ, cartographiant précautionesement chaque nouvelle espèce qu’il lui était donné de rencontrer.
Un véritable aventurier de la phytothérapie
En 1950, une fois la guerre tassée, Alfred Vogel s’aventura dans les contrées du Dakota du Sud où il rencontra un homme-médecine sioux nommée Black Elk.
Au fil de cette profonde amitié, les deux hommes eurent l’occasion d’échanger leurs points de vue sur l’équilibre de la santé ainsi que le monde de la nature.
Vogel y découvrit de nouvelles plantes aux vertus prodigieuses, que son insatiable soif d’apprendre l’amena bien évidemment à étudier en détails.
Mais c’est avant tout sur l’Echinacea purpurea que la majorité de son attention se focalisa, cette plante lui semblant rayonner d’un tel spectre thérapeutique qu’il ne passait pas une journée sans poser une nouvelle question à son sujet.
En offrant les graines légendaires d’Echinacea à Vogel, Black Elk fit un geste des plus rares à cette époque, en effet, donner la médecine la plus puissante de sa tribu à un étranger n’était absolument pas dans les coutumes sioux…
Le chef devait pour cela être absolument convaincu que ce don était fait à un homme de bien.
Des années plus tard, alors qu’Alfred Vogel avait passé plusieurs décennies à adapter parfaitement l’Echinacea au climat suisse, il reçut la visite d’un célèbre professeur allemand qui lui posa la question suivante :
« Avec combien de remèdes travaillez-vous ? »
Alfred répondit :
« Plus de 360, mais il n’y en a qu’un qui puisse vraiment être utilisé pour traiter une vaste gamme de maladies… ce remède c’est Echinaforce (à base d’Echinacea), qui tout au long de ma pratique a donné des résultats étonnants et m’a même sauvé la vie lorsque j’étais désespérément malade au fin fond de l’Australie. »
En dehors de l’Amérique du Nord et du Sud, il voyagea également souvent en Afrique à la rencontre de tribus ne souffrant jamais de cancers, scléroses en plaques et autres maladies de civilisation, ou encore au Liban et en Orient pour y étudier les remèdes traditionnels.
Il lui arrivait de prendre la route avec son préparateur en pharmacie, responsable de la fabrication scrupuleuse de chacun des produits qu’il mettait au point, et de sa fille, Ruth.
De ses nombreux voyages il ramènera du Ginkgo biloba, du Spilanthes mauritiana, différentes baies aux vertus cardio-stimulantes…
Il rencontrera également des personnages détonnants qui influenceront ses recherches, comme Bircher-Benner dont nous avons déjà parlé, mais aussi le Dr William Pfeiffer, le Dr Ragnar Berg, ou encore le Dr Klopfer.
Un précurseur de l’écologie prônant la positivité
Ses plus grands ennemis ?
Les fertilisants, insecticides, pesticides, herbicides ainsi que toutes les productions chimiques commençant à proliférer depuis les années soixante.
Précurseur de l’écologie ainsi que du mouvement biologique, on peut dire qu’il est également l’instigateur des magasins de diététique, ancêtres des Biocoop.
Alfred Vogel était aussi et avant tout un optimiste convaincu, pensant que l’esprit est en permanence en balance avec le corps, et que si un déséquilibre apparaît dans l’un il faut s’empresser de rééquilibrer l’autre.
Non pas qu’il négligeait l’importance de la médecine phytothérapique, agissant soit dit en passant elle-même sur les humeurs, ou qu’il ne s’intéressait pas à la naturophathie, aux massages ou à l’équilibre de la balance corporelle, mais selon lui la base de cet ensemble de paramètres repose sur un esprit joyeux et décidément positif.
« La maladie et la souffrance son causées par un déséquilibre et une disharmonie, quel que soit le niveau concerné dans nos vies. »
Il avait un point de vue encourageant mais tout de même prudent sur des méthodes naturopathiques émergeant à l’époque comme l’hydrothérapie du côlon, disant à ce propos :
« C’est une bonne chose pouvant vraiment tout nettoyer efficacement, cependant il y a un réel danger d’addiction à la sensation énergisante de bien-être que cela procure. »
Ennemi de l’excès Alfred Vogel était également précurseur du principe de précaution.
Certains naturopathes émérites ayant effectivement développé une sorte d’addiction pour l’hygiène intestinale, développant parfois le mal précisément là où il était prévenu.
« La bonne santé devrait être considérée comme un trésor dont on ne doit pas abuser… parce qu’elle mène au bonheur. »
Et cette recherche de bonheur et d’harmonie aura été partagée tout au long de sa carrière, se dévouant corps et âme à l’humain en général et à son prochain en particulier, l’ayant amené à sauver des milliers de personnes d’une mort certaine.
En 1963, afin de s’assurer que son travail comportant des centaines de remèdes ne tombe pas totalement dans l’oubli et puisse servir au-delà de ses propres consultations, il bâtit l’entreprise Bioforce qui aujourd’hui encore propose la fameuse Echinacea offerte par l’homme-médecine, Black Elk.
Ayant passé la majorité de son temps avec les plantes, Alfred Vogel était un des rares esprits de son époque à être en mesure de communiquer avec elles, il pensait par exemple que :
« Chaque plante est complète en elle-même ; procédant à partir d’une formule intelligente, sagement pensée et bien organisée.
Les précieuses valeurs d’une plante unique sont mises en péril dès lors que ce fragile équilibre est découpé en morceaux.
Toutes les substances contenues dans une plante ont un but et une signification.
Elles se complètent les unes les autres et agissent comme un tout. »
Ayant traversé le siècle dernier, Alfred Vogel mourut en 1996 à l’âge honorable de 94 ans.
Il nous reste de lui un précieux héritage phytothérapique, une réflexion à la fois simple et profonde sur notre époque, ainsi que certaines alternatives de consommation qu’il a grandement participé à développer.
Jean-Baptiste Loin
Pour trouver la célèbre formule d’Alfred Vogel « Echinaforce », ainsi que le catalogue de formules phytothérapiques qu’il a mises au point, rendez-vous sur cette page.
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Merci infiniment pour vos précieux conseils
Merci aussi pour cet article super intéressant, je connaissais déjà Alfred Vogel.
Je ne garde pas ces précieux conseils pour moi, je les envoie à ma famille et à mes amis.
Merci encore,
Je vous souhaite une belle journée,
mgeiskopp@live.fr
Article très intéressant, merci du partage.
Un grand bravo pour ce condensé trés interessant de la vie d’Alfred Vogel. Saviez-vous que ce brave homme, pionnier dans bien des diomaines santé
était chrétien Témoin de Jéhovah ? Cette précision complétera votre tableau élogieux de ce qui fut des pages de sa vie bien remplie.
Cordialement
Merci pour vos mails fort intéressants
merci
Merveilleux cette article , moi qui voulait en savoir un peu plus sur ce génie amoureux de la nature . Merci