La nature est d’une intelligence surprenante allant bien au-delà des pratiques pensées par l’homme, par conséquent faire du vrai bio ce n’est pas seulement remplacer le chimique par un peu de terreau maison… c’est aussi observer son alchimie secrète, en adaptant des techniques spécifiques, comme celle consistant à associer les plantes entre elles.
La plupart des jardiniers bio, et notamment les biodynamistes, affirment que, plutôt que de créer de beaux carrés de légumes nettement séparés, mieux vaut promouvoir les rencontres parmi la population végétale, et semer ou planter diverses espèces dans un même espace.
Les adeptes de l’agriculture sauvage que l’on a coutume d’appeler permaculture, vont encore plus loin, lorsqu’ils préconisent, pour leur part, de semer à la volée, sans aucun ordre linéaire, en mélangeant différentes sortes de graines, après les avoir enrobées d’une fine pellicule d’argile pour les protéger des oiseaux.
Cette technique aurait pour effet de désorienter les insectes nuisibles qui, tout comme l’homme, sont assez paresseux et préfèrent travailler en ligne droite plutôt que d’aller en zigzags.
Les affinités au pays des légumes
Chaque plante, de sa racine à sa feuille, dégage des odeurs et expulse des substances qui, selon toute logique, vont être bénéfiques, ou néfastes, aux autres plantes et aux insectes.
Par exemple, le céleri, à cause de son odeur, éloigne la piéride du chou.
Il suffira, par conséquent, de mélanger céleri et chou pour éloigner cette piéride qui a la déplorable habitude de venir pondre entre les feuilles de ce malheureux légume.
Il se peut aussi que ce soit l’altise, ou encore le bruche, qui viennent incommoder ce végétal décidément très sollicité.
Il conviendra alors de poser une branche de thuya sur le chou… qui ne s’en plaindra pas.
Dans le même ordre de techniques, faire voisiner fraisiers et ail, ou oignons et poireaux, assurera une protection générale contre les nématodes du sol.
Les plantes peuvent donc, selon ce principe, être aussi efficaces que les insecticides, tout en ayant la générosité de ne pas exterminer ces pauvres insectes, ni d’empoisonner le genre humain.
Libérer l’espace en le remplissant
Cependant on n’associe pas les plantes potagères pour cette seule raison : l’occupation de l’espace en est une autre.
En effet, il s’avère souvent intéressant de jouer sur la complémentarité de l’enracinement.
L’exemple le plus typique est celui de la carotte et du poireau : la première possède une racine très profonde, qui va chercher sa nourriture toujours plus bas, et l’autre une racine extrêmement superficielle, qui se contente des nutriments de surface.
On ne saurait rêver plus belle amitié, d’autant que la carotte chasse le ver du poireau, et le poireau la mouche de la carotte.
Les tomates et les radis, ou encore les haricots à rames et les concombres, sont d’autres exemples typiques de cette entente harmonieuse.
Dans le sud de la France et les régions ensoleillées, il est quelquefois utile d’associer certaines plantes hautes à d’autres, plus basses et qui ont besoin d’un peu d’ombre.
Ailleurs, seule l’étendue souterraine ou horizontale est à prendre en compte.
En dehors de l’occupation des intervalles, c’est aussi la question de la voracité de certaines plantes qui doit être résolue.
Le chou, par exemple, consomme énormément, et ne peut côtoyer d’autres légumes aussi exigeants que lui.
Il est donc même préférable d’isoler le chou de ses congénères, en lui offrant un séjour en célibataire auprès de petites plantes, comme les pois, qui se contentent de très peu de nutriments pour s’épanouir.
La gestion du temps par les cycles
Le temps, lui aussi, est un facteur important de cette méthode associant les plantes potagères.
Ainsi, en faisant se côtoyer des espèces à cycle long et des espèces à cycle court, on optimise naturellement la productivité du sol, tout en lui assurant une couverture constante, et en luttant, par la même occasion, contre l’envahissement des mauvaises herbes.
Le radis, par exemple, une fois semé, occupe rapidement le terrain, pendant que la carotte germe tranquillement.
En semant ces deux graines ensemble, et en repiquant éventuellement quelques pieds de laitue pour leur tenir compagnie, la gestion des cycles atteindra ainsi une rationalité rare et sereine : à l’heure de récolter radis et laitues, les carottes commenceront juste à prendre la relève.
On peut faire de même avec l’asperge et l’échalote, le chou et la laitue, le poireau d’hiver et la mâche, etc.
Enfin, il faut savoir que les légumineuses puisent de grandes quantités d’azote dans l’air, pour les restituer dans le sol… et que de nombreuses autres plantes sont ravies de cette aubaine.
La promiscuité du maïs et du haricot ne fait donc pas seulement le bonheur de l’amateur de cuisine mexicaine : elle assure également un excellent rendement au jardinier avisé se reposant sur l’alchimie naturelle, plutôt que sur le forçage des poisons chimiques.
Petit détail encore : tout comme dans le monde des homo sapiens sapiens, il faut déplorer, chez les légumes, presque autant d’associations néfastes que d’associations bénéfiques.
Par conséquent la fréquentation du chou et du radis d’hiver, ou du pois et de l’ail, finit toujours très mal.
Il est donc indispensable de faire le gendarme dans notre propre jardin et de démanteler ces associations de malfaiteurs, avant que ne se déclare une guerre des gangs de potager qui mettrait fin à cette belle entente entre cultures, si chèrement gagnée.
Les associations vertueuses
→ Ail : betterave, carotte, fraise, pissenlit, pomme de terre, tomate
→ Asperge : aneth, laitue, persil, poireau, petits pois, salade à tondre, tomate
→ Aubergine : haricot nain, haricot à rames
→ Betterave : ail, aneth, céleri branche, concombre, chou, chou-fleur, chou-rave, haricot nain, laitue, oignon, échalote, salade à tondre
→ Bettes : carotte, chou, haricot nain, radis
→ Carotte : ail, aneth, bettes, chicorée, échalote, haricot à rames, haricot nain, laitue, menthe, oignon, panais, poireau, petits pois, pois mange-tout, radis, tomate
→ Chicorée : carotte, fenouil, haricot à rames, laitue, pois mange-tout, tomate
→ Céleri : épinard, haricot à rames, haricot nain, poireau, tomate
→ Chou : betterave, bettes, céleri branche, céleri-rave, concombre, cornichon, cresson, épinard, haricot à rames, haricot nain, laitue, panais, poireau, petits pois, pois mange-tout, rhubarbe, salade à tondre, scarole, endive, tomate
→ Chou-fleur : betterave, céleri branche, céleri-rave, concombre, cornichon, cresson, haricot nain, panais, pois, pomme de terre, tomate
→ Concombre : aneth, betterave, céleri branche, céleri-rave, chou, chou-fleur, chou-rave, échalote, fenouil, haricot à rames, haricot nain, laitue, maïs, oignon, petits pois
→ Cornichon : céleri branche, céleri-rave, chou, chou-fleur, chou-rave, haricot nain, haricot à rames, laitue, maïs, petits pois
→ Courgette : haricot à rames, oignon, échalote
→ Cresson : chou, chou-fleur, haricot à rames, poireau, radis
→ Echalote : aneth, betterave, carotte, concombre, courgette, fraise, laitue
→ Endive : chou, fenouil, haricot à rames, poireau, radis
→ Epinard : céleri, chou, fraise, haricot à rames, laitue, pomme de terre, radis, rhubarbe, tomate
→ Fenouil : céleri branche, céleri-rave, chicorée, concombre, laitue, poireau, pois mange-tout, salade à tondre, scarole, endive, sauge
→ Fève : laitue, panais, pomme de terre
→ Fraise : ail, épinard, haricot nain, laitue, oignon, échalote, poireau, radis
→ Haricot à rames : aubergine, carotte, chicorée, céleri, chou, concombre, cornichon, courgette, cresson, endive, épinard, fraise, laitue, maïs, pomme de terre, radis, scarole
→ Haricot nain : aubergine, betterave, bettes, carotte, céleri, chou, chou-fleur, chou-rave, concombre, concombre, cornichon, laitue, maïs, melon, petits pois, pomme de terre, radis, rhubarbe, salade à tondre, tomate
→ Laitue : aneth, asperge, betterave, carotte, chicorée, chou, concombre, cornichon, échalote, épinard, fenouil, fraise, fève, haricot à rames, haricot nain, maïs, melon, menthe, navet, oignon, poireau, petits pois, pois mange-tout, radis, radis noir, rhubarbe, scorsonère, tomate
→ Maïs : concombre, cornichon, haricot nain, haricot à rames, laitue, melon, petits pois, potiron, tomate
→ Melon : haricot nain, laitue, maïs
→ Navet : laitue, petits pois
→ Menthe : carotte, laitue, tomate
→ Oignon : aneth, betterave, carotte, chou-rave, concombre, courgette, fraise, laitue, panais, poireau
→ Petits pois : asperge, carotte, céleri branche, céleri-rave, chou, chou-fleur, chou-rave, concombre, cornichon, haricot nain, laitue, maïs, navet, pomme de terre, radis, radis noir, raifort
→ Persil : radis, tomate
→ Pomme de terre : ail, chou-fleur, épinard, fève, haricots à rames, haricot nain, petits pois, potiron
→ Poireau : asperge, carotte, céleri, chou, cresson, endive, fenouil, fraise, laitue, mâche, oignon, scarole, scorsonère, tomate
→ Pois mange-tout : aneth, carotte, chicorée, chou, fenouil, laitue, radis
→ Potiron : maïs, pomme de terre
→ Radis : bettes, carotte, chou-rave, cornichon, cresson, endive, épinard, fève, fraise, haricot à rames, haricot nain, laitue, persil, petits pois, pois mange-tout, salade à tondre, scarole, tomate
→ Radis noir : laitue
→ Rhubarbe : chou, épinard, haricot nain, laitue, salade à tondre
→ Salade à tondre : aneth, asperge, betterave, chou, fenouil, haricot nain, radis, rhubarbe, scorsonère, tomate
→ Scarole : chou, fenouil, haricot à rames, poireau, radis
→ Scorsonère : laitue, poireau, radis
→ Tomate : ail, asperge, carotte, chicorée, céleri, chou, chou-fleur, épinard, haricot nain, laitue, maïs, menthe, oignon, persil, poireau, radis, salade à tondre.
Tout n’était-il pas déjà parfait ? Il suffisait pourtant de ne rien faire et d’observer !
MERCI
Génial ! Article très intéressant.. Merci !
Bonjour
Merciiiii pour tous ces renseignements très utiles
J attend avec impatience vos prochaines publications
Merci pour l’article. C’est vraiment le genre idéal de conduite cultural que doivent nos agriculteurs adopté. La lutte contre les mauvaises herbes ,les maladies et les insectes doit se faire naturellement à travers tout un pack de techniques qu’il faut mettre en place selon les saisons.
C’est un article intéressant MAIS ce n’est pas adapté pour les agriculteurs. Il faut bien réaliser que pour un maraicher, le gros du temps de travail c’est le désherbage et la récolte. Hors semer de manière anarchique rend la récolte totalement ingérable. il a besoin de pouvoir planifier et cette façon de gérer le rend impossible…. La permaculture, c’est bien, il y a des choses intéressantes MAIS ce n’est pas un modèle pour une ferme, c’est un modèle pour un potager personnel. Ps: le vrai bio, c’est le producteur qui répond au cahier de charge de l’Agriculture Biologique et certifié… Lire la suite »
intéressant… merci
Merci