Graphologue spécialisée dans l’analyse de l’écriture et des dessins d’enfants, Marie Ponzo-Gueroult a publié un livre pour faire le point sur l’aide, aux niveaux familial et scolaire, que peut apporter ce nouveau type de graphologie depuis les gribouillis du tout petit jusqu’à l’écriture de l’écolier.
La graphologie pour enfant est-elle une discipline assez répandue ou êtes-vous la seule à exercer dans ce domaine ?
Sur l’enfant, très peu d’études de graphologie proprement dite ont été effectuées, alors qu’il en existe de nombreuses en ce qui concerne le dessin.
D’ailleurs, lorsque j’ai annoncé à la profession la prochaine sortie de mon livre, on a été très surpris et l’on m’a dit qu’on n’avait vu encore aucun ouvrage sur l’écriture de l’enfant.
Chez cet enfant, auquel vous vous intéressez dès le plus jeune âge, la graphologie va sans doute permettre d’observer toute la progression du moi ?
Effectivement, mais comme j’avais fait une maîtrise de psychologie sociale, je me suis servie de certains éléments de ce domaine pour parler de ce qui correspond à la vie d’aujourd’hui, et notamment de l’enfant à l’école.
C’est donc dans le cadre de cette scolarité que j’ai voulu montrer que, de la même manière qu’avec le dessin, qui change au fil de l’âge, on peut voir toutes sortes de choses sur le caractère et sur le tempérament de l’enfant, avec l’évolution de son écriture, de la petite enfance jusqu’à l’adolescence.
Mais avant l’écriture et même avant le dessin, les premières manifestations sont des gribouillis. Que nous apprennent-ils ?
Les gribouillis sont déjà un bon indicateur du tempérament des enfants.
(…)
Par exemple, l’hyperactivité, dans un gribouillis, se traduit par des traits extrêmement noircis, exprimant globalement l’anxiété.
L’enfant ne peut pas exprimer l’anxiété… sauf peut-être dans de tels gribouillis où elle devient très visible.
Dans le dessin noirci d’un enfant hyperactif analysé dans ce livre, on peut voir qu’il cherche à s’imposer.
Et comme toutes les conclusions que j’en ai tirées ont été confirmées par les parents, j’ai effectivement appris que cet enfant était très agité… depuis qu’il avait eu un petit frère.
Ensuite, l’enfant va commencer à dessiner. Que va-t-on voir alors dans ces dessins d’enfant ?
Lorsqu’on lui propose de dessiner certains modèles, comme des figures géométriques, il ne les reproduit pas telles quelles.
Un carré devient presque un losange.
On voit des rondeurs et des angles.
Il se base tout de même sur ce qu’on lui donne, mais pas exactement.
En fait, il reproduit son perçu et non ce qui est devant lui.
Ainsi, par exemple, à un bébé un peu surdoué qui, à vingt mois, lisait toutes les lettres de l’alphabet, j’ai demandé de dessiner un bonhomme, et il a fait deux espèces de gros yeux.
Un peu plus tard dans l’évolution, apparaissent la forme de la spirale et de l’escargot.
Souvent, lorsqu’on leur demande simplement de faire un dessin, sans préciser lequel, automatiquement ils dessinent une idée d’escargot… qui, quelques mois après, devient vite un vrai dessin d’escargot.
Pourquoi les enfants dessinent-ils toujours des escargots ? Trouverait-on, dans ces dessins, la projection de certains archétypes ?
Ja vais vous raconter une anecdote.
Quand j’étais bibliothécaire à l’Université de Nanterre et en début de cours de graphologie, je me suis liée d’amitié avec une enseignante en lettres qui, à l’occasion d’une discussion, m’a demandé de lui expliquer pourquoi son enfant dessinait toujours des escargots.
Je lui ai évidemment répondu, qu’étant à peine débutante en graphologie de l’adulte, je n’en savais rien.
Mais elle a ajouté une chose qui m’a surprise.
Cette maman préparait une thèse qui, sans doute, lui prenait beaucoup de temps et ne lui en laissait pas suffisamment pour s’occuper de son enfant autant que celui-ci l’aurait souhaité.
Un jour, le petit garçon dessinait un escargot et, lorsque sa mère lui demanda de l’aider à mettre la table, il lui répondit très sérieusement : « Je ne peux pas. Moi aussi, je suis en train de faire ma thèse ! ».
Alors, pourquoi l’escargot ?
Cela nécessite certainement une analyse approfondie !
Ensuite l’enfant apprend à écrire. Qu’est-ce qui est spécifique de cette écriture, psychologiquement parlant ?
C’est en dernière année de maternelle qu’il va commencer à écrire quelques lettres et son prénom.
Le livre reproduit d’ailleurs une page avec les noms de toute une classe.
C’est très instructif !
Autre exemple : ma fille a écrit pendant deux ans le prénom « Léa », qui était sa meilleure amie.
Quand l’enfant arrive au CP, il reproduit ce qu’on écrit au tableau.
Ce n’est pas encore une écriture très équilibrée, on ne tient pas la ligne, on écrit un peu n’importe quoi, on ne fait pas les boucles correctement…
Mais, pour ce qui concerne l’analyse graphologique, ce à quoi je m’attache surtout c’est à l’évolution de l’enfant.
Dans ce livre, j’ai voulu montrer en quoi consistait l’évolution habituelle de nos enfants.
En quelque temps, la « rafe » devient la « girafe ».
Au niveau dessin, un bonhomme représenté avec quatre pattes, comme un animal, devient finalement un vrai bonhomme un peu plus tard…
C’est donc là un bon moyen de mesurer l’évolution de l’enfant, mais cela permet aussi de faire une analyse de caractère.
Je donne l’exemple d’une petite fille de six ans qui avait une écriture complètement noircie, ce qui signifiait qu’elle avait peur de l’école, peur de ne pas y arriver.
Un petit garçon avait une écriture catastrophique.
J’avais mal pour lui quand je le voyais écrire.
Il faisait des toutes petites lettres, et effectivement, c’était un élève complètement inhibé, très bon élève mais arrêté dans son élan dès que la maîtresse lui disait quoi que ce soit.
Aujourd’hui, il a quatorze ans et son écriture, depuis la rentrée, a complètement changé, avec une lettre carrément calligraphique alors que c’est plutôt au départ, vers huit ou neuf ans, qu’on apprend la calligraphie.
Mais cela veut dire qu’il est plus sociable, qu’il va beaucoup plus vers les autres.
Il parle plus, il est plus adapté.
Bref, cette graphologie est le baromètre de l’enfant aux divers moments de sa vie.
On sait que la graphologie pour adulte n’est pas la même d’une ethnie à l’autre. Est-ce qu’avec cette graphologie pour enfant, on n’est pas dans une graphologie plus universelle ?
Je n’ai pas travaillé sur les enfants étrangers.
Sur l’adulte, oui.
Dans un avion, j’ai sympathisé avec une Canadienne, hôtesse de l’air, qui a voulu que j’analyse son écriture.
J’étais très étonnée car ça ne ressemblait pas à l’écriture française.
Les Canadiens font des lettres beaucoup plus arrondies, rentrées les unes dans les autres, comme si c’étaient des gens inhibés, alors qu’ils ne le sont pas.
Par la suite, j’ai suivi un cours où j’ai vu la différence entre les Allemands et les Italiens.
Tous les « a » des Italiens forment des « e » ; et en graphologie, c’est le signe d’une grande émotivité.
Un directeur d’entreprise, très sceptique vis à vis de la graphologie, m’avait donné à analyser des lettres de demandeurs d’emploi.
Je pris la première et lui fis remarquer qu’elle avait été écrite par une Allemande.
Il m’a demandé comment je pouvais le savoir.
Je lui répondu que d’après la forme des lettres, cela devait être une Allemande.
Depuis lors, il croit tellement à la graphologie qu’il me reproche presque de mettre les gens à nu.
Mais s’ils sont mis à nu, c’est parce qu’ils nous le demandent !
On leur apporte évidemment une aide considérable en leur apprenant quel est leur caractère et pourquoi ils ont leurs problèmes…
Et c’est un bonheur pour moi de leur apporter cette aide.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Loin
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merci!!
une astuce pour que ma petite fille 5 ans cesse de sucer son pouce! on a tout essayé….nous semble t il (enfant très sensible)
Bonsoir Danielle, C’est là un vaste sujet… puisque chaque enfant est différent il n’existe sans doute pas de recette « miracle ». Je me permets tout de même de vous donner quelques conseils d’ordre général m’apparaissant essentiels : – En tout premier lieu, il ne sera évidemment jamais question d’envisager le « problème » brutalement, ni d’exiger que l’enfant perde cette habitude de manière autoritaire. Ce réflexe de succion étant un besoin d’apaisement et de sécurité, réprimander l’enfant ne fera en réalité qu’accentuer son besoin… – Par ailleurs il peut être judicieux, lorsque cela est possible, d’éviter d’aborder la question avec l’enfant dans les… Lire la suite »