Chacun connaît la formule : « un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » généralement utilisée pour déplorer la mort des cultures traditionnelles et notamment des savoir médicaux des ethnies en voie de disparition ou de modernisation.
La pharmacopée marocaine traditionnelle ne risque rien de ce coté là puisqu’une recension complète des produits médicinaux marocains, qu’ils soient d’origine végétale, animale, minérale ou industrielle, a été faite et dûment sauvegardée.
Il nous est donc encore possible d’en profiter !
Le système thérapeutique marocain est l’exemple d’une fusion remarquable entre une tradition locale tirant l’essentiel de ses ressources de l’environnement naturel, et un savoir séculaire se rattachant à la médecine arabo-islamique.
Cette médecine arabe n’est toutefois pas la médecine des arabes, mais la médecine écrite en arabe.
En fait, son inspiration dépasse largement le seul cadre du monde arabe, puisqu’il s’agit d’une tradition médicale au carrefour d’influences diverses : berbères, andalouses, africaines, hébraïques et même occidentales.
Or, cette pratique multiculturelle reste très vivante au Maroc, comme l’atteste le nombre important des tradipraticiens, des utilisateurs, des produits et des recettes encore en circulation de nos jours.
Bien que les praticiens ne soient sans doute pas aussi instruits qu’à l’âge d’or de l’Islam, ils consacrent néanmoins toujours beaucoup de temps à leurs malades, ne se contentant pas de leur faire des visites rapides, mais passant bien souvent la journée, et même la soirée, dans leur famille.
Là, ils partagent prières et actes thérapeutiques, cherchant avec humilité la cause possible de la maladie.
Ainsi, la prise en charge du malade est-elle, dans de tels systèmes, l’affaire de la collectivité… et non de l’individu.
Véritable science du rapport humain, mêlée de ritualisme religieux et de sympathie naturelle, et disposant, bien sûr, d’un arsenal thérapeutique tout à fait imposant, la médecine traditionnelle marocaine possède certainement de nombreux atouts !
Une pharmacopée d’une grande diversité
La diversité des paysages et des climats marocains explique sans doute la richesse de la pharmacopée de ce pays.
Déserts, montagnes, forêts, littoraux, estuaires, marécages, oueds, plaines subhumides et semi-arides, produisent une végétation et une faune extrêmement variées.
De plus, nous trouvons au Maroc toutes sortes d’espèces :
→ des espèces venues du nord (bouleau, aulne, bourdaine),
→ des espèces sahariennes infiltrées du sud (Acacia raddiana, Fredolia aretoïdes),
→ des espèces soudanaises remontées de la zone sahélienne (Calotropis procera), etc.
Au total, la flore marocaine est donc à dominance méditerranéenne mais avec un nombre élevé de genres cosmopolites, un nombre assez grand de genres nordiques, et une teinte africaine…
Quant à la faune, elle intervient également comme ingrédient de base pour enrichir encore très largement cette pharmacopée avec :
→ de nombreuses espèces marines, allant de l’éponge au cachalot,
→ des insectes (abeilles, sauterelles, cantharides),
→ des reptiles (tortues, vipères, caméléons, crapaud),
→ des mammifères (gazelles, chacals, chevreaux)…
Une doctrine millénaire
C’est aux environs du 10ème siècle que se constitua la médecine arabo-islamique, sur les bases de la théorie de Galien qui divisait la matière en quatre éléments : le feu, la terre, l’air et l’eau.
Etendu à la physiologie, ce système donna naissance à la doctrine des tempéraments, des propriétés naturelles et des humeurs.
Tels sont donc les principes de la doctrine médicale arabe, sur lesquels sont venus se greffer les apports des savants musulmans des dix siècles derniers, faisant notamment intervenir :
→ la loi de la causalité appliquée aux forces et aux énergies,
→ la loi de la lutte des contraires,
→ la loi des signatures,
→ la recherche d’un ordre naturel valable à l’échelon du microcosme humain et du macrocosme…
Ainsi, transmise oralement et constamment enrichie aussi bien par les médecins proprement dits que par les guérisseurs et les apothicaires, la médecine marocaine parvint-elle jusqu’à notre époque où elle put être compilée par des scientifiques scrupuleux qui apportèrent par la même occasion une contribution notable à la connaissance des systèmes médicaux anciens… et des simples !
Jean-Baptiste Loin
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Bonjour,
J’aimerais savoir si il existe des livres sur la médecine marocaine ? Si oui , pourriez vous me donner les références ? svp
Bien cordialement
Bonjour,
Oui, ça existe :
« La pharmacopée marocaine traditionnelle » par Jamal Bellakhdar, chez Ibis Press
Svppp y a t’il des livres sur la medecine traditionnelle??? Si oui j ‘aimerais savoir le nom du livre.mercii