Depuis près d’un an le marché du charbon végétal activé a connu une croissance phénoménale en France.
Pour une dizaine de marques en proposant avant l’horizon 2021, quatre vingt dix pour cent de leurs concurrents sont nés au cours de cette dernière année.
C’est une nouvelle que nous ne pouvons qu’applaudir, en tout cas dans la mesure où il ne s’agit pas de charbon activé chimiquement, à base de noix de coco.
Toutefois il y a un hic.
On ne copie pas sans conséquences une tradition millénaire en se basant uniquement sur une succession de points de productions nécessaires à une suite d’atouts marketing susceptibles de faire saliver les consommateurs.
Faire abstraction, par commodité, de la réalité environnementale dans laquelle une pareille entreprise évolue et continuera d’évoluer, peut s’avérer désastreux.
Si proposer du charbon activé « français » dans un packaging « biodégradable » fait bel et bien écho à la demande de produits plus respectueux de l’environnement et soutenant l’économie française…
En pratique c’est soit faux et nuisible à la santé humaine, soit écologiquement insoutenable, soit les deux.
Par ailleurs, prétendre qu’un charbon de bois français soit super activé, à savoir offrant un minimum de 2000m2 d’adsorption par gramme, est un mensonge éhonté.
En matière de charbon activé dit français, deux sortes ont récemment vu le jour : le charbon de coco transformé en France et le charbon issu de bois français.
1/ Le charbon de noix de coco
Le premier type de charbon activé n’a rien de français, en tout cas pas plus qu’un charbon importé par une entreprise française ne puisse l’être.
Il s’agit de copeaux de noix de coco cultivés à l’autre bout du monde, probablement contaminés par l’absorption de produits chimiques pendant leur culture, de métaux lourds pendant leur transport, puis de co-produits synthétiques lors de leur activation, que cette dernière ait lieu sur le territoire français ou non.
Toutefois, bien qu’il n’adsorbe pas les nanoparticules, il a tout de même l’avantage de profiter de la structure moléculaire des fibres de coco, apportant ainsi 2000m2 de capacité d’adsorption.
Présentant néanmoins le risque de déverser dans l’organisme les polluants accumulés lors de sa transformation.
2/ Le charbon de bois français
Le second type, bien français, n’apporte que l’avantage relatif d’avoir été brûlé sur le territoire, contre une série d’inconvénients bien plus conséquents.
Il s’agit le plus souvent de bois de châtaignier, parfois de chêne.
Un bel effort qu’il conviendrait de saluer s’il ne visait pas uniquement à monopoliser le marché du charbon activé par une suite d’arguments déconnectés de la réalité.
Le respect de l’harmonie environnementale et des activités humaines
L’histoire regorge d’exemples montrant à quel point, sans prendre soin de considérer son époque, son biotope, son économie, ainsi que les subtilités des sciences du vivant, chaque entreprise humaine risque de contribuer à précipiter le cours naturel des choses.
L’humain a fait preuve d’une vision à très court terme dans ses techniques de constructions modernes.
Elles ont gagné en efficacité et confort immédiat, mais elles sont moins solides, plus polluantes, moins respectueuses de l’espace vital de chacun.
Le même problème est apparu pour la gestion de son agriculture et de ses sols, devenue un fléau pour l’environnement, contribuant à un empoisonnement généralisé ainsi qu’à une diminution de la biodiversité alarmante.
Dans sa médicalisation de la santé. Etc.
Puis, pour contrebalancer ces excès nous avons vaillamment fait marche arrière avec l’agriculture biologique, l’habitat sain, les nouvelles technologies de la gestion de l’eau…
Nos forêts menacées
Étant donné le potentiel de développement du charbon végétal activé estimé en forte croissance depuis 2021, le choix environnemental du bois utilisé peut avoir un impact non seulement sur la santé des consommateurs, mais aussi sur celle de nos forêts.
Les hivers s’effaçant, les étés devenant plus secs, les saisons de débordement fluviaux s’intensifiant un peu partout dans l’hexagone, il convient d’opter pour une attitude adaptative, considérant l’environnement comme un tout se passant de frontières, et les techniques naturelles comme un bien commun.
Il serait déraisonnable d’intensifier la culture d’espèces demandant plusieurs décennies avant d’arriver à maturité.
Par contre, il serait très avantageux de favoriser les échanges de connaissances artisanales et environnementales si essentiels au patrimoine universel de l’humanité.
C’est seulement à cette condition que nous saurions acquérir une tradition française honorable du charbon activé manuellement.
Respectant les maîtres d’œuvres de civilisations ayant partagé leurs « secrets » devenus si essentiels, avec le reste du monde.
Le biotope, le changement climatique, et les qualités d’adaptation humaines
La plupart des définitions de ce que nous nommons très génériquement « intelligence », s’accordent globalement sur un point : savoir s’adapter aux circonstances c’est faire preuve d’intelligence.
Or, s’il na jamais été souhaitable de multiplier les cultures d’arbres auxquels il faut des décennies pour arriver à maturité dans le but d’en faire du charbon, ou qu’il n’est pas raisonnable de concentrer des espèces n’étant pas adaptées au biotope de la région, cela l’est encore moins à l’heure où je rédige ces lignes.
Selon Xavier Bonnart, agent de développement au syndicat mixte du Sud-Charente, les châtaigniers sont désormais une espèce fragilisée par les changements climatiques.
Les sécheresses ainsi que l’effacement progressif des saisons hivernales le rendent particulièrement sensible à une maladie de champignons et de virus, bloquant sa croissance tout en le dévorant de l’intérieur.
Un artisan du secteur de Rougnac, possédant, pour sa part, une trentaine d’hectares de châtaigniers, affirme les voir dépérir les uns après les autres.
Si l’on en croit le reportage de Bruno Pillet, Christophe Guinot et Marion Reiler pour France Télévision, ce sont des raisons pour lesquelles les châtaigniers pourraient aller jusqu’à disparaître. (1)
Et ce n’est malheureusement pas un phénomène isolé, les châtaigniers sont touchés de la même manière en Ardèche.
Un reportage de Philippe Fournier, montre que ce phénomène s’amplifie dans toutes les forêts françaises.
Les chênes, frênes, épicéas et bien d’autres, commencent à subir le même sort. (2)
Bien que la progression des labels et autres organes « raisonnés » de l’exploitation des forêts soit censée garantir une gestion plus humaine de notre patrimoine, que penser de bouleversements climatiques venant remettre en cause les intérêts d’importants acteurs financiers ?
Nous avons déjà vu les dangers que représentaient les greenwashing et biowashing s’unissant dans une opacité révélatrice, dévoués aux intérêts d’actionnaires partageant le capital de grandes firmes pharmaceutiques, pétrolières, agroalimentaires, cosmétiques…
Compte tenu de la forte demande d’un public désireux de trouver des solutions naturelles à une intoxication généralisée, il est facile d’imaginer que dans quelques années des antiparasitaires et autres solutions désespérées ne changeront rien à la contamination des forêts, à l’appauvrissement des sols ainsi qu’à la fragilisation des arbres.
Phénomènes qui amèneront rapidement le nouveau charbon bio français à brûler des spécimens sains, nécessaires à la résistance d’autres espèces partageant le même biotope, engendrant ainsi une escalade de déclins environnementaux capables de ruiner l’équilibre des dernières forêts vivaces françaises.
S’il n’a jamais été conseillé de faire pousser des oignons « en rangs d’oignons », les arbres demandent une diversité et une fertilité du terrain bien plus grandes que de simples légumes.
Une fois les arbres arrivés à maturité et brûlés, comment ces nouveaux industriels du bio feront-ils pour répondre à une demande croissante qui empiétera sur les rotations ?
En produisant moins ? J’en doute.
Nous devons repenser nos valeurs, nos approches de la production, de la consommation, des arguments séduisant les consommateurs ainsi que de leur droit à une transparence sur les enjeux concernant tant la santé humaine qu’environnementale.
Non pas à un niveau étatique, ayant montré être plus qu’influençable et manquant de réserve démocratique, mais à un niveau individuel et personnel, à une juste réflexion sur ces points.
La réalité parle d’elle-même.
Malgré les efforts menés ces dernières années la croissance des forêts baisse, pendant que le prélèvement des arbres, ainsi que leur mortalité, augmentent drastiquement.
En matière de charbon activé, le tout français, tout biodégradable, n’est pas votre ami
Depuis peu, très peu de temps, le charbon activé bénéficie d’une certification bio lorsqu’il peut prétendre à une origine naturelle à plus de 95%.
C’est également le cas au Japon, où le charbon Moso est dorénavant entièrement certifié JAS, soit l’équivalent japonais du label AB.
La mode se poursuit également aux États-Unis, en Chine…
Tant mieux, si le label s’y tient, les consommateurs pourront ainsi s’assurer d’une production de charbon activé plus artisanale, et peut-être un jour sans activation chimique.
Mais s’il ne s’y tient pas, cela pourrait devenir un leurre supplémentaire.
Force est de constater que le charbon français, lorsqu’il n’est pas juste transformé en France pour arborer un petit drapeau tricolore sur l’étiquette, n’a pas su s’adapter intelligemment aux urgences climatiques et besoins du biotope de l’hexagone.
Quant aux gélules de charbon proposées dans des pots censés être biodégradables, elles participent à une des pires arnaques marketing du milieu du complément nutritionnel.
Il est important de noter que les pots en question sont constitués d’un plastique d’hydrocarbure végétal, évitant le pétrole certes, mais usiné en laboratoire et transformé en longs fils de nanoplastiques soudés, destinés aux technologies d’impression 3D. (cf mon article sur les dangers du PLA)
En plus de polluer l’environnement bien plus longtemps et de l’altérer bien plus en profondeur que le plastique classique, en plus de nécessiter la construction d’infrastructures de recyclage spécialisées n’existant pas en Europe, des pots en PLA renfermant des gélules de charbon activé présentent le risque de garnir ces dernières de résidus nanoplastiques. (Fig 1)
Certaines des conséquences liées à ces expositions, dans la mesure où elles existent depuis un peu plus longtemps aux États-Unis, pays où le PLA s’est développé initialement, ont été détaillées par des scientifiques américains depuis le mois de février 2021. (3)
Il y est fait état de graves dérèglements de l’appareil intestinal, des voies respiratoires, de l’épiderme, avec des tentatives de sudation de nanoplastiques blessant les pores de la peau, ainsi que d’inquiétantes altérations des cellules humaines.
À quoi bon faire croire aux gens qu’ils préservent l’environnement en leur vendant une pollution pire que celle qu’ils tentaient de fuir ?
Devrait-on, aussi, découper la France en serres industrielles pour proposer des mangues françaises ?
À quoi bon martyriser un écosystème en pleine mutation pour garantir du 100% français ?
Pour une meilleure efficacité ?
Eh bien non, un charbon activé de bois denses comme le châtaignier ou le chêne n’atteint pas une efficacité d’adsorption de 1000m2 par gramme.
Pour une seule raison :
Proposer des produits uniquement destinés à la séduction d’un public devenu plus averti et par conséquent plus prudent, afin de mieux tromper ses résistances.
Quitte à ne pas respecter la moitié des engagements présentés sur l’étiquette et à sacrifier les véritables besoins du vivant.
Reproduisant inlassablement un schéma ayant mené les laboratoires pharmaceutiques à dévier de leur objectif initial, toujours pour les mêmes raisons.
Bien à vous,
Jean-Baptiste Loin
Sources et références :
- Les châtaigniers dépérissent dans les forêts de Charente : https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/charente/angouleme/chataigniers-deperissent-forets-charente-1884594.html
- Des forêts de plus en plus étendues, mais des arbres de plus en plus malades : https://www.franceinter.fr/des-forets-de-plus-en-plus-etendues-mais-des-arbres-de-plus-en-plus-malades
- L’impact des microplastiques et nanoplastiques sur la santé humaine : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7920297/
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Bonsoir
Merci pour toutes les informations que vous nous faite parvenir en mettant la vérité au milieu de tous ce fatras publicitaire destiné à nous égarer au profit de Bigfarma et autres grands groupes commerciaux.
Continuez pour notre plus grand » Bien »
Cordialement
G.M.
Merci