Ce n’est pas nouveau, l’alimentation moderne accorde une place trop importante aux matières grasses : entre 1950 et 1990, elle est passée de 28,7% à 43,2% des apports énergétiques et n’a cessé d’augmenter depuis.
Pour aggraver le problème, la proportion d’acides gras saturés est là encore excessive par rapport aux mono et poly-insaturés.
L’huile de palme quant à elle contient un taux de 50 % d’acides gras insaturés pour 50 % d’acides gras saturés.
A titre de comparaison, l’huile d’olive contient seulement 12% d’acides gras saturés.
En soi, l’huile de palme n’est pas nuisible : la culture des palmiers, robustes et très productifs, est peu onéreuse, l’huile est extraite par pression mécanique sans ajout d’adjuvant chimique, elle est riche en carotène et tocophérols et se conserve très bien.
Mais systématiquement ajoutée telle une potion magique, à la recette du moindre biscuit, crème dessert ou pain de mie industriels, elle représente à l’heure actuelle plus de 25% de la consommation mondiale d’huile végétale et surcharge dangereusement l’alimentation en acides gras saturés.
Comme en toute chose, la démesure est devenue source de problèmes : cette consommation excessive augmente la cholestérolémie et induit des risques cardio-vasculaires.
C’est dans ces circonstances qu’a surgi le débat qui divise actuellement scientifiques, politiques, consommateurs ainsi que toutes les parties prenantes dans la production d’huile de palme.
Il se joue sur deux terrains : quels sont les risques pour la santé engendrés par la consommation excessive d’huile de palme ?
Et comment mesurer les dommages environnementaux qu’entraîne sa production intensive ?
Alors que ceux qui relèvent le défi de se passer purement et simplement de l’huile de palme sont de plus en plus nombreux, qu’en penser ?
L’huile de palme est-elle mauvaise pour la santé ?
Avant tout, il faut comprendre pourquoi l’huile de palme a fait une si soudaine irruption dans la consommation mondiale : les acides gras insaturés (majoritaires dans les huiles d’olive, de colza…) se retrouvent le plus souvent saturés lors d’une transformation industrielle.
C’est alors qu’ils deviennent soit complètement hydrogénés, avec les mêmes propriétés que les acides gras saturés, soit partiellement hydrogénés, prenant une forme chimique de type « trans », reconnus comme dangereux sur le plan cardiovasculaire et probablement responsables de certains cancers.
Devant l’évidence des résultats scientifiques et sous la pression de différentes associations, l’industrie alimentaire a donc limité l’utilisation de ces acides trans.
Et pour contre-balancer la réduction de ces graisses, l’usage de l’huile de palme s’est développé dans des proportions gigantesques.
Depuis que tous les regards sont tournés vers cette fameuse huile, certaines marques agroalimentaires ont annoncé son retrait de leurs recettes.
Il ne faudrait malgré tout pas perdre du vue que leur intérêt est de montrer patte blanche, afin de préserver leurs profits : la plupart du temps, elle est en effet remplacée huile de coprah (ou coco), qui présente exactement le même inconvénient : une teneur en acides gras saturés excessive.
Le fait est que les fabricants de produits industriels ne peuvent en aucune manière se passer de ce type de graisses.
Ce sont précisément les acides gras saturés qui permettent de donner du croquant aux biscuits et biscottes, mais aussi de l’onctuosité aux pâtes à tartiner, mayonnaises, laits infantiles, glaces, cosmétiques, etc.
De plus ils sont solides à température ambiante, et leur goût est neutre.
Sans compter bien entendu, le coût dérisoire de ces matières grasses pour l’industriel non soucieux du commerce équitable.
La seule manière de se préserver de l’omniprésence de l’huile de palme, c’est donc de n’en consommer que là ou son emploi est justifié (ex : margarine végétale, etc.) et de ne consommer que des aliments de base à cuisiner.
Le palmier à huile, une culture intensive dévastatrice
L’Indonésie est le premier producteur et exportateur d’huile de palme, au coude à coude avec la Malaisie et loin devant le Nigeria, la Thaïlande, ou encore la Colombie.
Comme c’est le cas pour toutes les monocultures intensives, les plantations de palmiers à huile dans des zones de forêt primaire entraînent la perte de 85% de la biodiversité.
A l’heure actuelle, c’est le combat de nombreuses ONG et associations, qui alertent les consommateurs sur la destruction catastrophique de la flore et de la faune, dont l’orang-outan vivant principalement dans les palmeraies, est le triste symbole.
Dans la forêt de Bornéo, troisième poumon de la planète, les paysages défigurés et les sols en état de mort lente, prédisposent les zones exploitées à la sécheresse, aux incendies et aux inondations à répétition.
Parmi les pesticides utilisés dans les palmeraies, beaucoup sont reconnus publiquement comme extrêmement nocifs et sont même interdits en Europe.
Le « Paraquat » notamment, est un herbicide dont le contact prolongé peut suffire à provoquer la mort par fibrose pulmonaire et qui est notamment responsable de lésions dégénératives du système nerveux similaires à la maladie de Parkinson…
Une expansion à double tranchant pour les producteurs
D’un côté, la culture du palmier à huile a permis à des milliers de foyers (indonésiens, malais, africains, sud-américains…) d’accéder à une aisance financière, qu’ils entendent bien défendre aujourd’hui.
Plus de 5 millions de personnes en Indonésie dépendant directement de la culture des palmiers à huile.
De l’autre, certains économistes considèrent que sa production pour l’exportation va à l’encontre du principe de souveraineté alimentaire des pays émergents, méprisant les cultures vivrières de proximité destinées en priorité à alimenter les populations locales et nationales.
Alors que 90% de la production mondiale de cette huile est échangée, les pays producteurs deviennent complètement dépendants des pays importateurs, au détriment de leur auto-suffisance alimentaire.
Depuis 1970, le prix de l’huile de palme a presque triplé, en raison de la forte hausse de la demande et de la spéculation.
Il reste naturellement préférable de consommer de l’huile de palme issue du commerce équitable et biologique, assurant des revenus suffisants aux producteurs, ne contenant ni engrais ni pesticides et participant à la protection de la biodiversité.
Toutefois, l’huile de palme ne retrouvera la place qui lui revient au sein d’une alimentation et d’une économie équilibrées, qu’au prix de nombreux réajustements à tous les niveaux de la chaîne :
→ réduire sa proportion dans les produits alimentaires,
→ favoriser une culture biologique des palmiers,
→ limiter la surface d’expansion des palmeraies,
→ assurer des revenus équitables aux producteurs,
→ et protéger les exploitations de la spéculation.
Laurene Valois
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excellent très utile comme information
Je suis désolé, mais outre sa composition en AG saturés, l’huile de palme est chimiquement transformée en graisse avec un point de fusion élevé permettant son transport solide dans les cales des bateaux. Cette »graisse » végétales est hautement néfaste au bon fonctionnement cellulaire. Je ne suis pas le seul spécialiste à préconiser son bannissement total de l’alimentation.
Cordialement.
Bonjour Dr Comet, Comme vous le précisez si justement, « l’huile de palme est chimiquement transformée » pour permettre son transport et son emploi dans l’industrie agro alimentaire. Ce qui ne veut pas dire qu’elle soit néfaste consommée avec modération, sous sa forme naturelle ! Si nous ne la condamnons pas aussi arbitrairement que vous, c’est en insistant sur le fait qu’elle doive être bannie de l’industrie agro alimentaire… au même titre que tous les produits de cette même industrie doivent être bannis de nos habitudes. Prenons un exemple pour mieux illustrer le propos de cet article : S’il est vrai qu’une… Lire la suite »