Aujourd’hui la viande de grande consommation est à des milliers d’années lumières des fermes d’antan où, de temps à autre un poulet ou un cochon était tué après avoir mené une vie bien remplie dans son environnement naturel.
Il n’est plus seulement question des antibiotiques, sous-produits alimentaires ou vaccins que reçoivent les animaux d’abattoirs, mais également d’un traitement ignoble, où la torture et la mort sont un jeu que subissent les animaux… avant d’être électrocutés, écartelés, éviscérés, découpés puis emballés, et dans le meilleur des cas dévorés, à moins qu’ils ne se retrouvent parmi les millions de tonnes de produits périmés finissant dans les poubelles des supermarchés.
Groom, jeune truie de 4 ans s’étant miraculeusement évadée in extremis de l’abattoir vers lequel on la conduisait, livre ici son émouvant récit publié en exclusivité sur Réponses Bio.
Tout d’abord, en cochon civilisé, je tiens à remercier Jean-Baptiste, Naevius et toute l’équipe de Réponses Bio pour me laisser dévoiler le traitement gardé secret, bien que de plus en plus dévoilé par l’investigation de consciencieux journalistes, que nous autres, cochons et animaux d’élevages intensifs, subissons.
Mais surtout et par-dessus tout, je tiens à remercier Cathy, ma nouvelle amie, pour m’avoir recueillie alors que mon jambon était mis à prix.
Je sais qu’elle m’aime et qu’elle m’a dédié un poème où elle me dévoile toute son affection, je lui en suis à jamais reconnaissante.
Groin…
Tout commença le jour où je fus assez grande pour distinguer les barreaux qui m’entouraient.
Je me trouvais avec une portée de 12 autres frères et soeurs, séparés de notre mère par une rangée de larges tiges en métal d’où seules quelques mamelles, que nous nous disputions, sortaient.
Peu de temps après, je fus séparée de ma famille pour être emmenée dans une cellule individuelle, beaucoup trop petite pour que je puisse me dégourdir les sabots.
De ma mère, je sais qu’ils ont fait de la chair à saucisse, je le sais bien.
Me voilà réduite à manger toute la journée des croquettes non identifiables dans un lieu qui sent la mort et la souffrance.
J’entends à chaque minute le cri perçant d’un des miens se faisant malmener ou mutiler… Que vont-ils faire de moi ?
Après quelque temps, alors que j’avais essayé de ronger les barreaux de métal qui m’emprisonnaient dans cet enfer, on m’enfonça une aiguille dans les entrailles, et quelques semaines plus tard je sentis la vie remuer dans mon ventre.
Dans cette cage qui aurait rendu une sardine claustrophobe, je ne pouvais rien faire d’autre qu’attendre sans bouger, en regardant mes petits se faire torturer, encore et encore, années après années.
Puis, alors que je n’arrivais plus à m’alimenter ni à tenir debout, et encore moins à porter des petits, ils ont vaporisés sur mon groin une couleur bleue sortant d’un tuyau, et quelques jours plus tard m’ont traînée jusqu’à l’arrière d’un camion.
Une fois dans la remorque j’allongeais le groin sur les rainures en métal du camion où du sang s’agglutinait en fines rigoles.
Epuisée et presque aveugle, j’eus un certain mal à lever la tête pour comprendre, horrifiée, que mon histoire n’était pas isolée, nous étions des milliers, peut-être même plus, à subir les conséquences de cette atrocité.
Des centaines de truies toutes plus mutilées les unes que les autres, couinaient devant moi, inutile et incapable de percer la logique de cette mécanique infernale.
Le camion s’arrêta.
Des pas se dirigeaient maintenant vers la porte de la remorque où je me trouvais presque collée aux parois, cherchant à m’isoler le plus possible, espérant échapper au carnage.
Le mouvement d’une barre de métal résonna en grinçant, la porte commençait à s’ouvrir.
Je n’avais pas assez vécu, je n’avais jamais vu le jour, je n’avais jamais marché plus d’un pas ou deux, j’avais soif de grandes aventures, soif de vivre ma vie de cochon.
C’est alors que ce que les humains appellent « un miracle » se produisit.
J’entendis une voix humaine, une femme qui protestait énergiquement et que mes bourreaux avaient l’air d’écouter patiemment.
Plus vitale que jamais je me levai sur mes sabots, et j’arborai mon regard de guerre tandis que je me préparais à sauter du camion comme un porcelet s’échappant du nid.
Mais lorsque la porte s’ouvrit, au lieu de me livrer à la machine à pâté, mes bonnes fées, Caroline et Servane, m’ont recueillie au sein de leur petit paradis qu’elles appellent Groin Groin.
J’étais enfin libre, entourée de pourceaux heureux et bien-portants s’abreuvant en harmonie dans une marre biologique de premier choix, libre de contempler les étoiles et la lune, libre de me rouler dans la boue jusqu’au matin.
Affamée, j’ai bien essayé d’avaler quelques grains de maïs muris à point pour reprendre des forces, mais rien à faire, rien ne passait plus à travers mes boyaux aseptisés.
En tout cas, ces deux femmes savent parler aux cochons, il n’y a pas de doute.
Et c’est rare qu’un humain soit tendre avec nous, je vous dévoile à contrecœur ces images pour que vous sachiez vraiment ce que l’on endure à travers le monde.
Elles ont été capturées à la volée par un militant d’une association américaine engagée pour la défense des animaux ; pour comprendre ces images, inutile de parler anglais.
Attention : Âmes sensibles s’abstenir !
Quelques semaines plus tard, Cathy, ma meilleure amie, est venue me trouver pour m’aménager un petit coin de paradis dans son jardin, avec une marre privée et un potager d’hiver.
Elle m’appelle : « Groom » et j’arrive !
Cochon qui se dédit : Groin Groin
Jean-Baptiste Loin
A présent je laisse la parole à Cathy, qui va vous raconter à sa manière comment nos routes se sont croisées :
Groom Groom
Voilà maintenant trois mois que tu as atterri dans ton nouveau lieu d’accueil.
Tu es devenue notre voisine, copine, dose d’endorphine, tant c’est un bonheur d’être à tes cotés.
J’ai failli te croiser ailleurs mais là, c’est certain je ne t’aurai pas reconnue.
Ça aurait pu arriver quand rarement je passe rayon conserve au « super » oui « vraiment super » market.
Mais là ton apparence n’aurait pas été la même.
Tu ne m’aurais pas regardé avec tes yeux blancs qui n’avaient jamais vu le soleil dans ce « super enfer », et qui bleuissent très doucement comme les nouveaux-nés qui arrivent au monde.
Oui il semble qu’il y ait de l’espoir dans tes yeux.
Réformée, tu étais plutôt déformée quand tu es arrivée.
Tu pouvais à peine te lever, tu ne pouvais rien avaler à part des granulés douteux qui empêchaient la flore de pousser dans ton intestin.
Difficile de te nourrir alors.
Compote légumes cuits.
Et ta peau qui n’avait jamais été au contact de la paille, du rose, est passée au rouge tant elle a réagi.
Heureusement c’est passé, un peu de millepertuis et c’est fini.
Maintenant c’est balnéo dans ta flaque de boue.
Tu te tiens debout et tu manges de tout.
Gourmande de 350kg, tu as laissé derrière toi une descendance de centaines d’individus.
Evidement, nous savons ce qu’ils sont devenus.
Tes os se sont consolidés et la joie que tu as en toi t’a remise sur tes sabots fendus.
Les moments que l’on partage sont une lourde fête, surtout quand on caresse la fine peau de tes grandes oreilles percées.
Merci à la personne qui t’a arrachée à ton destin de pâté et de saucisson.
L’amour nourrit plus que des assiettes de boudins industriels, non ?
Heureusement que nous avons de l’espace et du temps pour t’accueillir sous couvert de clandestinité.
Groom, truie libre, souhaite que ces abus s’arrêtent.
Cliquez ici pour parrainer un cochon ou un autre animal recueilli par Groin Groin
Certaines images sont issues du site L214
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merci,ça remets du baume au coeur de voir qu’il existe encore un peu d’humanité chez les êtres humains!
Contente d’être végétarienne !! Triste N Letter. Merci
Merci beaucoup .
Merci
Merci
Bonjour ,
merci pour vos envois d’info
au plaisir de vous lire
bien à vous
MERCI.
Bonne journée.
Merci à vous !
Je vous félicite pour le soucis évident porté à la défense des animaux. Espérons que les consciences évolueront au cours des années pour essayer de moins manger de viande ou en réduire la consommation.
Merci pour toutes vos infos.
Merci