Il y a fort longtemps, des mystères de la route de la soie est née la fibre textile la plus douce au monde, que les connaisseurs ont coutume d’appeler le « fil d’or ».
Très sujet à la copie, le véritable « pashmina » tissé à partir de ce « fil d’or » est nécessairement réalisé à la main, dans la plus pure tradition d’un savoir-faire ancestral préservé par les habitants des hauts plateaux.
Dans une région donnée du globe, à partir d’une certaine altitude et uniquement pendant l’hiver, une race de chèvres ayant vu le jour à cet endroit est à l’origine d’un poil très particulier.
De la particularité développée par ces chèvres, découlera bientôt une méthode de tissage aboutissant à une des étoffes les plus précieuses qui soient.
Laissez-moi vous conter l’histoire de l’authentique pashmina, dont les usurpateurs et industriels ont maintes fois tenté de copier le prestige et la magie… mais bien évidemment sans jamais y arriver.
L’histoire du pashmina
Introduit en Europe au XVIIIème siècle par l’impératrice Joséphine, suite aux campagnes napoléoniennes ayant fait commerce de toute part, le châle de cachemire allait rapidement devenir un grand classique.
Cependant, ce n’était pas d’un cachemire ordinaire que le châle de l’impératrice était tissé.
Non, lorsqu’on la voit peinte en 1908 par le Baron Gros, le châle qu’elle porte sur cette toile n’est ni plus ni moins qu’un pashmina.
Pashmina sans doute volontairement confondu avec du simple cachemire par les marchands de l’époque, tant sa rareté et ses atouts le rendaient aussi précieux que l’or.
Mais finalement, quelle différence entre du simple cachemire, déjà très raffiné, et du pashmina ?
Le simple cachemire n’est pas du pashmina
Sur les hauts plateaux himalayens, situés à plus de 4000 mètres d’altitude, les hivers, très venteux, peuvent y avoisiner les -50°C.
Pour les habitants peuplant les environs, la chaleur, seule garante du maintien de la vie, y est plus prisée que les métaux précieux et les bijoux.
Ici on produit le cachemire tant pour sa finesse, sa douceur que pour la chaleur qu’il procure.
Tiré de la laine des chèvres des hauts plateaux, le cachemire est une forme de laine très spéciale, absolument incomparable avec notre laine de mouton européen.
On sait aujourd’hui que c’est grâce à la grande finesse de la texture naturelle du poil utilisé, avoisinant les 19 microns, que le cachemire est si chaud et thermorégulateur en comparaison de son volume.
Mais les vrais connaisseurs, les passionnés, les impératrices de tout temps et ceux vivant à des températures aussi extrêmes, savent bien que le pashmina est infiniment supérieur au cachemire.
Issu du persan pashm înâh signifiant littéralement « laine chaude », il se trouve exclusivement sur des chèvres Tchang-ra, race connue depuis l’antiquité romaine sous le nom de Capra hircus, seule espèce domestiquée à avoir développé une toison d’une telle finesse afin de résister aux rigueurs de l’hiver.
Tandis que le poil du cachemire, on l’a dit, tourne autour de 20 microns, celui du pashmina, lui, mesure moins de 15 microns, c’est à dire qu’il est environ cinq fois plus fin qu’un cheveu humain.
Notez bien que ce n’est pas sur le dos de l’animal que l’on va trouver un poil d’une telle qualité, mais uniquement sur sa toison interne où un épais duvet double son pelage habituel.
Une des explications de la qualité de cette fourrure trouve sa source dans la flore prisée par les chèvres, redevenant sauvages à partir de 3000 mètres d’altitude pour se nourrir exclusivement des herbes éparses ancrées sur une terre rocheuse, aride et… salée.
Par conséquent, la création d’étoffe en pashmina est un art ancestral que l’on ne saurait dupliquer en série ou copier avec la moindre machine ou formule chimique, et c’est précisément ce qui fait tout son intérêt.
La fabrication artisanale du pashmina
Tandis qu’une chèvre fournit entre 100 et 300 grammes de laine chaque année, la qualité de la fibre est étroitement liée à l’altitude d’élevage de l’animal, plus l’altitude sera élevée, plus la chèvre produira une laine de qualité.
Ce qui est bien évidemment propice aux contreforts de l’Himalaya, abritant les plus hautes montagnes du monde, en réunissant quatorze sommets culminant à plus de 8000 mètres d’altitude.
C’est en tout cas ici que les nomades de la partie Est du Ladakh emmènent paître leurs troupeaux.
Et lorsque les chèvres redescendent des montagnes, le fourrage qui leur est donné à manger et l’eau qu’elles boivent, n’auront jamais été touchés par la moindre pollution.
Elles sont si précieuses pour les bergers, qu’elles y sont traitées avec autant de respect que les humains, dans un échange bénéfique pour tous.
Le printemps venu, mais pas avant, les hommes basculent les chèvres sur le côté pour récolter les poils duveteux recouvrant la région du cou et le poitrail des bêtes.
Pendant ce temps les femmes ramassent les touffes, jusqu’au moindre poil, pour les transporter dans des sacs.
Triées selon leur couleur et nettoyées à la main, viennent ensuite:
→ un premier lavage du poil,
→ un dégraissage,
→ un deuxième lavage,
→ un rinçage,
→ et un séchage.
D’une pureté et d’une douceur sans pareilles, un kilo de laine brute ne donnera que 300g de pashmina.
Et ce n’est qu’à partir de ce moment que le travail nécessaire à la confection de l’authentique pashmina, commence vraiment :
1 – Le cardage : démêlant les fibres et uniformisant leur sens pour les travailler plus aisément.
2 – Le défeutrage : complétera le travail du cardage en parallélisant et régularisant les fils.
3 – Le peignage : éliminera les fibres trop courtes, désagréables au toucher, pour obtenir un lissage optimal des fibres longues.
4 – La filature : où les mèches de duvet cardées et peignées sont transformées en fil par étirages successifs dans un métier à filer.
5 – Et enfin, le tissage : traditionnellement exécuté à l’aide d’un métier à tisser en bois, il permet d’obtenir les pièces finales qui subiront le contrôle avisé de la tisseuse la plus aguerrie de la communauté.
Bien évidemment de nombreux faussaires auront tenté de copier le prestige mondialement connu du pashmina, toutefois ces méthodes ancestrales sont absolument inimitables, tant sur le plan du toucher, de la brillance, de l’odeur, que de la chaleur et des propriétés.
Des imitations industrielles aux contrefaçons sophistiquées
Le vrai pashmina est nécessairement composé à 100% de cachemire, qui plus est uniquement du type de cachemire que nous venons de décrire.
Mais bien entendu, après avoir pratiquement fait disparaître la tradition du châle en pashmina pourtant bien installé en Europe, l’industrie textile a souvent tenté de le copier ou de le falsifier.
Et, compte tenu du fait qu’il n’existe ni marque, ni label, ni certification officielle en garantissant la qualité, il a été aisé pour certains de faire fortune en jouant sur les mots.
C’est notamment le cas de cet industriel chinois, ayant nommé sa marque de châle 100% synthétique : « Pashmina ».
Plus judicieux et difficiles à repérer sont les mélanges de soie et de pashmina tentant de se vendre au prix du véritable.
Ou encore les reproductions en laine d’agneau et en simple cachemire.
Bref, si les imitations sont légion, il existe au moins deux astuces pour ne pas se tromper :
La première consiste à observer la frange très particulière du pashmina, qui ne s’arrête jamais nette, mais sur laquelle on voit toujours des fils trop fins pour être tissés.
La seconde à ponctionner homéopathiquement une petite pincée de poils afin de les soumettre à l’épreuve du feu.
S’il dégagent une flamme claire et une odeur de papier brûlé, ou fondent en petites bouliches, il s’agit probablement de viscose ou de fibres synthétiques.
Mais si, au contraire, c’est du pashmina, bien plus résistant au feu, il en résultera une odeur naturelle de cheveux brûlés, avec une trace de combustion pouvant présenter des nodules se décomposant en poudre.
Un dernier repère ayant son importance étant le prix, un « pashmina » bon marché n’a tout simplement aucune chance d’être du pashmina.
Des vertus surprenantes
Bien plus que la laine ou le cachemire ordinaire, le pashmina :
→ est doté de propriétés permettant la régulation et le transfert de l’humidité,
→ agit en tant que climatiseur naturel, maintenant le corps dans un confort thermique idéal,
→ est anallergénique, ne pouvant être à l’origine d’aucune maladie respiratoire,
→ favorise une bonne hygiène respiratoire en évitant l’accumulation de la poussière et de l’électricité statique.
Facile d’entretien et écologique
S’entretenant comme tout textile délicat, sans dépasser 30° au lavage, il est préférable de le laisser sécher à son rythme, sans utiliser de sèche-linge, séchoir, ou radiateur, qui pourraient en abîmer la délicate tenue.
Pour prendre soin du lainage et de l’environnement vous pouvez utiliser une simple noix de lavage à glisser dans la machine à laver.
Cadeau idéal pouvant servir de parure, de foulard, d’écharpe ou de cache-nez, avec la même élégance, le châle de pashmina est aussi l’occasion de découvrir de nouvelles sensations…
Attention cependant, compte tenu de son origine artisanale et d’une production annuelle limitée, il est possible qu’il n’y en ait pas pour tout le monde.
Jean-Baptiste Loin
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Merci
Merci pour toute cette belle information.