Pour faire face au stress, il faut se relaxer.
Mais un introverti ne se relaxe pas comme un extraverti, un rationnel comme un irrationnel.
Chaque caractère psychologique implique un protocole spécifique.
Les habitués de la relaxation connaissent sans doute les méthodes des principaux auteurs, comme Schultz, Vittoz ou Jacobson, voire différents protocoles de séances dans une même méthode.
Ils auront lu, dans les ouvrages consacrés à la question, que les suggestions ou les visualisations proposées au cours de ces séances peuvent considérablement varier.
Il est quelquefois question de s’imaginer en train de descendre un escalier, en comptant les marches de dix à zéro, chaque marche rapprochant de la détente parfaite ; mais il peut aussi s’agir d’observer sa respiration, ou de ressentir la chaleur d’un soleil irradiant depuis le ventre, etc.
Certains de ces protocoles sont même très jolis, pour ne pas dire poétiques, mettant en scène d’édéniques jardins ou l’envolée de corps astraux vers des contrées célestes… mais ils présentent l’inconvénient d’être employés de manière un peu trop standard, donc de n’être pas aussi efficaces sur tout le monde.
Ainsi, par exemple, une suggestion insistant sur des sensations corporelles fonctionnera certainement fort bien avec un patient sensuel, mais aura moins d’impact sur un intellectuel.
Sans rien changer aux beaux protocoles de la relaxation, il est donc tout à fait souhaitable d’apprendre à les classer par critères psychologiques.
Connaître son profil
La première question à se poser concernant le profil psychologique auquel on appartient, rejoint une des bases de l’analyse jungienne : suis-je plutôt focalisé sur l’intérieur ou sur l’extérieur, en d’autres termes, suis-je introverti ou extraverti ?
L’introverti se spécifie par une propension à réfléchir avant d’agir.
D’autre part, il se sent généralement plus à l’aise dans la solitude, ou dans son milieu, qu’en société.
Mais s’il ne porte pas l’idée de convivialité très haut dans son cœur, sa vie intérieure, en revanche, est extrêmement riche et les tenants et aboutissants de sa psyché sont livrés à une constante analyse.
L’extraverti agit avant de réfléchir.
Il a horreur de la solitude et s’entoure d’un maximum d’amis.
S’il manque un peu de profondeur, il est constamment à l’écoute de l’autre, et rien d’extérieur ne lui échappe.
Ainsi l’extérieur et les autres constituent son domaine d’étude.
La deuxième question est essentielle en matière de relaxation puisqu’elle touche au système sensoriel.
Elle se pose en ces termes : suis-je « visuel », « auditif » ou « tactile » ?
→ Si je suis visuel, je préfère le cinéma à la musique ; un visage reste gravé à tout jamais dans ma mémoire, alors que les noms m’échappent vite.
→ Si je suis auditif, j’aime la musique, j’écoute la radio ; je comprends mieux quand on me raconte une histoire que lorsque je la lis ; je suis particulièrement sensible au timbre des voix.
→ Si je suis tactile, ma poignée de main est franche et soutenue, je touche souvent mes interlocuteurs ; j’aime les caresses ; je suis avide de sensations épidermiques.
La troisième question fait référence à un trait de caractère que les psychologues de l’Ecole de Palo Alto considèrent comme fondamental : « l’infériorisation » (one down) et la « supériorisation » (one up).
La tendance de « l’infériorisé » consiste plutôt à écouter qu’à parler, à attendre une directive qu’à prendre une initiative.
Il est généralement plus enclin à être d’accord qu’à remettre en question.
Pour le « supériorisé », c’est l’inverse : il préfère contrôler la relation que la subir.
C’est un décideur qui accepte rarement les choses telles qu’elles sont ; il aime les remodeler à sa convenance, imprimer, au courant des événements, sa marque.
Enfin, le quatrième critère concerne la rationalité.
Le « rationnel » est soit un intellectuel, soit un commerçant ou un manuel ayant particulièrement les pieds sur terre.
Dans tous les cas, il aime la clarté, l’exactitude et la logique.
« L’irrationnel » peut être un artiste ou avoir le tempérament artiste ; à moins qu’il ne s’intéresse de près à la chose religieuse, ou qu’il se passionne pour l’astrologie, l’ésotérisme, etc.
Les inductions pour introvertis
D’une manière générale, les relaxations statiques conviendront mieux à l’introverti que les relaxations dynamiques ; et dans les applications du comportementalisme, il utilisera préférentiellement des images de solitude et de tranquillité.
Les inductions de l’introverti commenceront toujours par des suggestions et des exercices qui porteront ses perceptions à l’intérieur, c’est à dire :
→ S’il est tactile : l’observation de sa respiration et de ses sensations diverses.
→ S’il est visuel : des projections de lumière, couleurs, sphères lumineuses, à l’intérieur de son corps.
→ S’il est auditif : l’écoute de son cœur ou de sa respiration.
Les inductions pour extravertis
L’extraverti aura tout intérêt à faire ses premiers pas avec une relaxation dynamique, style Jacobson, et par la suite avec des inductions nettement externalisantes en relaxation statique.
Les suggestions et exercices porteront donc les perceptions de l’extraverti à l’extérieur.
→ Pour le tactile : sur la sensation des stimuli divers provenant de l’extérieur.
→ Pour le visuel : sur la projection d’images mentales visualisées hors du corps, dans l’espace.
→ Pour l’auditif : sur l’écoute des bruits externes.
Dans l’application du comportementalisme, on utilise des images mettant en scène la convivialité, en retrouvant les personnes aimées dans les endroits particulièrement appréciés.
Les inductions pour visuels
Les visuels commenceront leurs inductions avec des exercices de visualisation.
A leur tout début, ils auront intérêt à utiliser des images simples, ne faisant pas appel à la mémoire.
Pour induire une meilleure relaxation, ils feront intervenir la couleur bleue, couleur de la relaxation.
S’ils sont également introvertis, ils visualiseront à l’intérieur de leur corps, et s’ils sont extravertis, à l’extérieur.
Les inductions pour auditifs
Les auditifs débuteront leurs inductions en utilisant éventuellement de la musique de relaxation, ou en tout cas des sons, soit diffusés, soit naturels, soit encore imaginés, c’est à dire projetés mentalement.
Mais ils pourront aussi se mettre à l’écoute du silence.
Les inductions pour tactiles
Les tactiles commenceront leurs inductions en portant leur attention sur leurs sensations corporelles, en jouant avec les sensations de détente, de pesanteur, de fraîcheur, de picotement, de pulsation des membres.
Si vous êtes introverti, vous ressentirez ce qui vient de l’intérieur ; si vous êtes extraverti, ce qui vient de l’extérieur.
Les inductions pour rationnels
Le rationnel est sans doute celui qui éprouve le plus de difficultés à plonger dans la relaxation… tout au moins par les méthodes classiques.
C’est celui dont les résistances sont les plus fortes, puisqu’il est tout entier dans cette partie du cerveau, l’hémisphère gauche, qui précisément, doit être momentanément déconnecté pour permettre à l’état de relaxation de survenir.
Il faut dont que l’induction s’applique à lui fournir les éléments rationnels qu’il demande, et que l’énoncé des suggestions fasse proliférer les productions de l’intellect à tel point que le sujet s’en trouvera débordé et que toutes ses résistances tomberont.
De très nombreuses méthodes préconisent de saturer l’intellect en le plongeant dans la confusion, notamment la technique de dissociation ericksonienne.
Cette technique est un peu complexe mais donne de bons résultats : elle consiste à construire le protocole d’induction en provoquant une confusion entre conscient et inconscient.
Les inductions pour irrationnels
L’irrationnel, privilégiant le fonctionnement de l’hémisphère droit du cerveau, est doué pour la relaxation… peut-être même trop, et ce peut être un piège.
Aussi devra-t-il abandonner, aussi souvent que possible, ses exploits en hypno-relaxation, et privilégier les méthodes de style Jacobson qui, évitant les inductions de type hypnotique, empêcheront le renforcement de sa tendance irrationnelle.
Les inductions pour « infériorisés »
L’infériorisé doit trouver dans la méthode un maximum d’indications, l’utilisateur s’en remettant pleinement à celle-ci.
Elle sera le plus totalement dirigiste, et ne laissera aucune place à l’initiative.
Les inductions devront donc être préparées d’une manière extrêmement précises, avec des suggestions de porter votre attention sur des points… très pointus.
Les inductions pour « supériorisés »
Le supériorisé, au contraire, a besoin d’une souplesse extrême.
Jamais la méthode ne devra l’emprisonner dans des choix trop précis, les inductions devant lui réserver au maximum la possibilité de décider.
Mais bien sûr, s’il est visuel, il ne s’agira pas de choisir des exercices convenant aux auditifs.
Il faudra visualiser… mais visualiser ce qu’il voudra, comme il voudra.
Avec le supériorisé, il faut définir un cadre et à l’intérieur de ce cadre, le laisser se comporter à sa guise.
Jean-Baptiste Loin
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Enfin quelqu’un qui me comprend !! Les instructions du style » vous sentez votre corps…bla bla » ne signifient strictement rien pour moi, ce qui est statique m’insupporte et dès qu’on prononce le mot « relaxation », ça me fait fuir..Introverti, visuel, auditif, rationnel et supériorisé, ça me parle beaucoup ..
je découvre que je suis un introverti, audi-tactile et rationnel … un lien vers la technique de dissociation ericksonienne ?