En France, cinq millions de personnes souffrent de problèmes auditifs divers, et principalement de malentendance ou de surdité.
Parmi ces problèmes, un symptôme des plus étranges entraîne une gêne très importante : l’acouphène.
De nombreuses causes sont à l’origine de la perte ou de l’altération de l’audition.
Ce peuvent être les excès de décibels sur le lieu de travail, sous le casque d’un baladeur ou dans un concert.
Mais c’est, le plus souvent, la simple usure du système auditif qui, comme la presbytie pour la vue, vient avec l’âge.
Généralement, cette presbyacousie survient une dizaine d’années après la presbytie, c’est à dire aux environs de la soixantaine.
Elle est essentiellement due à la perte de souplesse des osselets, à la fragilisation du tympan ou à la disparition de cellules ciliées.
Quant au bruit, autre facteur fondamental de la survenue des troubles de l’audition, il provoque des lésions du tympan à cause de l’onde de choc qui l’accompagne, et finit par conséquent par entraîner une baisse de l’audition ou le surgissement d’acouphènes.
Enfin, il existe des causes médicales aux problèmes d’audition, et notamment :
→ les causes génétiques,
→ les infections ou les intoxications durant la période prénatale,
→ les accidents à la naissance,
→ les otites à répétition,
→ les méningites,
→ l’otospongiose (masse spongieuse autour de l’étrier),
→ les tumeurs du nerf auditif,
→ les effets du tabac,
→ les antibiotiques, les anti-inflammatoires ou les œstrogènes…
Au-delà de la presbyacousie, les problèmes d’audition sont évidemment divers.
La surdité, elle-même, peut être plus ou moins profonde, ou toucher différentes régions de l’oreille.
Mais il existe aussi des troubles auditifs ne relevant pas, à proprement parler, de la surdité.
C’est le cas des acouphènes.
L’acouphène
Un acouphène n’est pas une maladie mais plutôt un symptôme consistant à entendre, d’une manière plus ou moins constante, des bruits, en réalité inexistants.
Ce symptôme étrange peut d’ailleurs se présenter seul ou être associé à d’autres affections.
Plus habituellement appelés bourdonnements ou sifflements d’oreilles, les acouphènes se présentent sous différentes formes, son unique ou combinaisons de sons différents :
→ cigales,
→ grillons,
→ bruits de ligne électrique à haute tension,
→ vrombissements,
→ claquements,
→ bruits de cocotte-minute…
D’après de récents sondages, c’est près de 20% de la population mondiale qui, à un moment ou à un autre, fait l’expérience des acouphènes.
Et ce sont, en tout cas, des millions de personnes qui en souffrent d’une manière plus constante !
En fait, chacun peut réagir à cette invasion d’acouphènes à sa façon.
Certains n’y voient qu’un vague désagrément et pourraient presque s’en amuser.
D’autres, au contraire, se sentent totalement handicapés et deviennent vite incapables de se concentrer… et même quelquefois de dormir.
Dans ce dernier cas, il est bien évident que les acouphènes vont perturber gravement la vie professionnelle et familiale de la personne atteinte.
A ce mal, deux causes, qui permettent de classifier les acouphènes en deux catégories :
1/ Les acouphènes objectifs
Ils sont dus à de réels bruits organiques liés à des problèmes vasculaires, musculaires ou mécaniques.
En tant que tels, ils peuvent même être perçus par un observateur extérieur ou par un appareil d’enregistrement.
Ces cas sont toutefois assez peu fréquent.
2/ Les acouphènes subjectifs
Eux, ne sont perçus que par le patient, et sans cause évidente ou, tout au moins, objective.
Tout subjectifs qu’ils soient, ces acouphènes ne sont toutefois pas des hallucinations auditives.
Ici, la perception ne contient ni voix ni morceaux de musique, mais de simples sons.
D’autre part – et cela est le plus important -, le sujet est parfaitement convaincu que les bruits qu’il perçoit n’ont rien de réel.
Le stress et les acouphènes
Les acouphènes sont associés à diverses perturbations physiologiques d’ordre :
→ général : hypertension, anémie,
→ métabolique : cholestérol, diabète,
→ hormonal : troubles thyroïdiens,
→ vasculaire,
→ neurologique,
→ O.R.L.
Cela dit, ils constituent en fait un symptôme plurifactoriel incluant également la sphère psychologique.
Et il apparaît, précisément, que le stress est un des principaux facteurs, puisqu’on le considère d’une importance au moins égale à l’exposition au bruit.
Beaucoup de personnes touchées admettent en effet que leurs acouphènes sont apparus en période de stress et qu’ils sont aggravés par ce dernier.
La raison de cette prépondérance du rôle du stress dans l’acouphène, c’est que les dysfonctionnements physiologiques évoqués plus haut entraînent des modifications de l’activité nerveuse qui transite du nerf auditif jusqu’au système nerveux central.
Normalement, ces modifications ne sont pas assez importantes en elles-mêmes pour générer une sensation particulière.
Mais lors d’un stress, en revanche, elles vont en quelque sorte subir une amplification, et pourront être reçues comme un signal à part entière.
Dès lors, le système auditif, sensibilisé, va être capable de détecter des informations très faibles, voire non pertinentes, créant ainsi… des acouphènes !
Malheureusement, ces acouphènes vont devenir eux-mêmes une source de stress supplémentaire.
A partir de là, un véritable cercle vicieux va s’installer, exacerbant plus encore la sensibilité du système auditif et augmentant la perception des acouphènes et la gêne qu’ils engendrent…
Les traitements physiologiques
Lorsqu’il s’agit d’acouphènes objectifs dus à une cause mécanique, il est bien évident que seule une intervention chirurgicale peut apporter la solution, et même s’avérer quelquefois indispensable pour éviter l’extension du problème à une autre pathologie ou à la surdité.
Mais pour ce qui concerne les acouphènes subjectifs, à cause même de leur subjectivité, c’est à dire de leur composante psychologique, aucun traitement n’est actuellement reconnu comme pouvant assurer une guérison définitive et certaine.
Il demeure cependant possible de traiter les diverses causes de ce symptôme.
Pour ce faire, il est naturellement indispensable de consulter un médecin naturothérapeute pour établir un diagnostic et un bilan du terrain.
Sur cette base, on pourra alors soigner l’hypertension ou l’anémie, réduire le cholestérol ou réguler la thyroïde… qui faisaient problème.
L’homéopathie, pour sa part, suggère, en traitement sédatif provisoire :
→ Natrum salicylicum 5CH,
→ Chininum sulfuricum 5CH,
→ Glonoïn 4CH,
à raison de deux granules de chaque, deux fois par jour en alternant.
En phytothérapie, toujours sous réserve de l’avis médical, on conseille :
→ aubépine,
→ calament,
→ cimifuga,
→ mélisse,
→ prêle…
La diététique ajoute :
→ l’oignon,
→ l’abricot,
→ la pêche,
→ la pomme…
On peut aussi faire appel à des appareillages divers qui ont fait leurs preuves dans la rééducation de l’oreille.
Les appareillages anti-acouphènes
L’appareillage anti-acouphène constitue un traitement assez efficace en cas de diminution de l’audition.
Cet appareillage consiste en une prothèse auditive que l’on met en place en lui affectant des fréquences soit graves, soit médiums, voire aiguës.
Dans bien des cas, ce type de prothèses peut conduire relativement rapidement à une diminution de la perception de l’acouphène.
Au bout d’un certain temps, à condition que les prothèses soient régulièrement portées, on pourra même souvent constater sa disparition.
Lorsque la perte auditive est faible ou inexistante, ce sont des générateurs de bruit blanc qui sont généralement prescrits.
Ces petits appareils, extérieurement semblables à une prothèse auditive classique, n’amplifient pas les sons de l’environnement mais émettent un bruit faible comprenant l’ensemble des fréquences audibles.
Ils doivent être réglés de manière à ce que le bruit blanc se mélange juste avec l’acouphène, tout en le laissant perceptible.
Un port de six heures par jour pendant plusieurs mois est nécessaire.
Les traitements psychologiques
L’action thérapeutique première, en la matière, doit rester d’ordre psychologique.
Il convient, avant tout, de se rassurer en allant consulter.
Car les causes des acouphènes sont, dans l’écrasante majorité des cas, bien moins graves que ce que l’on a tendance à s’imaginer, en craignant souvent une tumeur ou la proximité d’une attaque, ou encore l’annonce d’une surdité totale et prochaine…
Dans un second temps, il faudra envisager une psychothérapie ou, tout au moins, une méthode de gestion du stress.
Ce pourra être le yoga, la relaxation ou la sophrologie, ou encore une technique de biofeedback, particulièrement conseillée dans ce domaine.
Au plan strictement psychothérapeutique, les thérapies cognitive et comportementale sont plus spécifiquement indiquées, le but recherché étant de stopper le cercle vicieux décrit plus haut.
Dans ces formes de thérapies, on s’applique :
→ à identifier les pensées et les comportements inadaptés,
→ à les modifier afin de rendre la perception de l’acouphène la plus neutre possible émotionnellement,
→ à mettre en place des stratégies destinées à maîtriser l’emballement du système nerveux lorsque le sujet tolère mal son acouphène.
D’autre part, appartenir à une association de patients peut aider certaines personnes pour qui le partage d’expériences est important dans leur gestion du stress.
Que faire en cas d’acouphènes ?
Le premier réflexe doit être d’aller consulter un spécialiste de l’oreille, puis, si besoin est, un médecin, de préférence naturothérapeute.
D’autre part, l’ouïe ayant démontré sa fragilité, il sera désormais prudent d’utiliser des protections d’oreille, comme les bouchons en cire ou les casques antibruit, dans les environnements bruyants. Par contre, il est déconseillé d’en faire un usage généralisé et trop prolongé.
Respecter une hygiène de vie, en évitant les fatigues inutiles et en pratiquant toute discipline apte à apporter de la détente.
Adhérer éventuellement à une association de patients pour diminuer le sentiment de solitude et dédramatiser l’importance des acouphènes.
Attention : si l’apparition des acouphènes coïncide avec celle de vertiges et une perte brutale d’audition, un traitement d’urgence s’avère alors indispensable !
Jan Kristiansen
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